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Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 49.djvu/167

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est toujours ressorti d’une manière remarquable à leur avantage : plus d’effet produit et moins de dépense. Relativement au Tourville, machine de 650 chevaux et déplacement de 4,550 tonneaux, la différence est surprenante. Il en résulta que, pendant toute la campagne, le Tourville fut obligé d’avoir un plus grand nombre de chaudières allumées que le reste de l’escadre, si bien que, lorsque celle-ci, ayant complété ses expériences* avait encore en soute assez de combustible pour retourner à Cherbourg avec quatre chaudières, le Tourville avait épuisé ses ressources et était obligé de gagner Lisbonne pour y renouveler son approvisionnement. Dans le cours ordinaire de la navigation, mais surtout dans le cours d’une campagne de guerre, on ne saurait trop estimer cet avantage. Le rayon d’action, la portée des bâtimens à vapeur est un des élémens les plus importans de leur puissance. Pour le Solferino, qui avec deux chaudières allumées et une vitesse de 6 nœuds consomme 22 tonneaux et un tiers de charbon par vingt-quatre heures, cette portée serait de 4,500 milles marins ou de 1,500 lieues géographiques, l’approvisionnement normal de 700 tonneaux suffisant à la consommation de plus de 30 jours avec cette allure. En marchant avec le même nombre de chaudières, mais en poussant les feux pour obtenir une vitesse de 9 nœuds, qu’il a en effet obtenue dans cette condition, la consommation du Solferino s’est trouvée portée à 1,560 kilogr. de charbon par heure ou 37,440 kilogr. par jour ; le même approvisionnement suffirait à une consommation de plus de 18 jours et à un parcours de 4,050 milles ou de 1,350 lieues géographiques. Avec 4 chaudières, le Solferino a obtenu une vitesse de 11 nœuds moyennant une consommation de 47 tonneaux de charbon par 24 heures. Avec un approvisionnement de 700 tonneaux, la durée serait de presque 15 jours et la portée de 3,960 milles ou 1,320 lieues marines. Avec six chaudières, la vitesse moyenne ayant été de 12 nœuds 4, et la consommation de 94 tonneaux, la durée de l’approvisionnement est réduite à 7 jours 1/2, et le parcours à 2,235 milles ou 745 lieues marines. Avec ses huit chaudières allumées, le Solferino a obtenu une vitesse moyenne de 13 nœuds 9 pour une consommation de 138 tonneaux par 24 heures. Dans ces conditions, l’approvisionnement normal durerait 5 jours, et la portée serait réduite à 1,668 milles marins ou 556 lieues géographiques. Dans ses épreuves à huit chaudières, le Solferino, poussant ses feux, a soutenu pendant plus d’une heure une vitesse qui dépassait 14 nœuds, sa machine donnant alors 57 tours de l’hélice par minute. Au contraire le Solferino, réduisant sa machine au minimum d’action, au point qu’on ne pouvait franchir sans la rendre immobile, obtenait encore une vitesse de 3 nœuds avec 12 tours seulement par minute.