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Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 49.djvu/532

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caractères. Ce type par les Malais proprement dits, c’est-à-dire par une population qui, grâce à l’élan qu’elle a reçu de l’islamisme, est à la fois la plus homogène et la plus répandue dans cette grande aire maritime. Or une analyse détaillée des caractères conduit à voir dans cette population un fond de race jaune adouci par une certaine quantité de sang blanc avec des traces de sang nègre qui reparaissent parfois avec une ténacité remarquable à travers de nouveaux croisemens[1].

La linguistique, l’histoire, confirment ce résultat et nous montrent en outre dans les Malais proprement dits les derniers venus de cette famille de peuples. Parce qu’ils avaient partout la prépondérance quand les Européens arrivèrent dans les mers de l’Inde, on crut trouver en eux la population fondamentale des grands archipels où ils dominaient. Il n’en est rien pourtant. Une étude plus attentive a montré partout à côté d’eux d’autres populations évidemment plus anciennes et qui ont généralement échappé à la fusion, aux modifications résultant du grand mouvement religieux apporté par les sectateurs de Mahomet. Celles-ci sont donc plus propres à jeter du jour sur les questions d’origine et les rapports ethnologiques. Or on voit plusieurs de ces populations tendre à s’écarter des Malais pour se rapprocher tantôt de l’un des types fondamentaux, tantôt de quelques-uns de leurs dérivés plus ou moins purs. De là résultent entre la famille malaisienne et les groupes voisins des rapports très multiples auxquels nous n’avons pas à nous arrêter. Contentons-nous de dire qu’à Bornéo comme aux Moluques et à Célèbes en particulier, on trouve des populations très voisines à bien des égards des Polynésiens, mais que pour les atteindre il faut d’ordinaire pénétrer à l’intérieur et surtout dans les montagnes, ce qui s’explique chez les habitudes maritimes des Malais et des autres populations chez lesquelles domine le type jaune.

À l’appui de ce qui précède, je pourrais invoquer bien des témoignages. Je m’en tiendrai à quelques citations empruntées à un voyageur anglais qui, ayant séjourné longtemps dans ces contrées et visité à diverses reprises la plupart des insulaires dont il est question ici, a pu mieux qu’un observateur ordinaire apprécier leurs affinités éthnologiques. Voici d’abord comme s’exprime Earle dans un passage d’autant plus important qu’il s’applique à plusieurs localités fort éloignées les unes des autres. « Dans tout l’archipel, les tribus montagnardes de la race polynésienne ont le teint plus clair que les tribus de la plaine. Ainsi, tandis que les Dayaks[2] de

  1. Le Muséum possède la photographie et le portait à l’huile d’un jeune homme fille d’un créole et d’une Malaise. Tout le haut de la figure appartient au type blanc ; le type nègre, très accusé, reparaît dans le bas.
  2. On sait que les Dayaks habitent Bornéo. Earle les regarde comme composant le fond de la population de l’île entière, par conséquent comme la race bornéenne par excellence. Il excepte néanmoins, et avec raison, les tribus nègres (papoues ou aëtas) qui se trouvent encore à l’intérieur de cette grande île comme à l’intérieur de tant d’autres.