Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 49.djvu/708

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’ils se rabattent sur la péninsule hellénique, puis sur la péninsule italique. Les Gallo-Celtes, arrivés en Gaule, descendent dans ce qui s’appellera l’Espagne. Les Germains suivent les Celtes, qu’ils refoulent en remontant la vallée du Danube, et ne se décident à tourner sur leur droite qu’en face des Alpes et du Rhin, c’est-à-dire quand la race gallo-celte offre un front de résistance assez compacte et assez bien défendu par la nature pour ne plus pouvoir être entamée. Ces migrations aryennes trouvèrent-elles l’Europe déjà habitée ? Bien des indices linguistiques, archéologiques et même géologiques tendent à prouver qu’elles ont absorbé ou détruit une race antérieure, matériellement et moralement différente, et dont les derniers débris se maintinrent dans les Pyrénées assez longtemps pour que leur langue y demeurât dominante, même après la disparition de leur type physique. Cette race ne paraît pas du reste avoir opposé une résistance bien énergique aux nouveaux arrivans, qui débouchèrent du Caucase en décrivant des courbes en quelque sorte concentriques. Les Slaves ont dû être les derniers à rayonner sur le sol européen. Ils ont donc frayé avec les Médo-Perses, lorsque ceux-ci étaient déjà établis dans les montagnes de la Médie. Ainsi s’expliquent les étroites affinités de leur langue avec le zend et le sanscrit. Ainsi s’expliquent aussi les rapports qui existent entre leur mythologie et celle de l’Iran. Toutes deux sont marquées au coin du dualisme le plus prononcé, et il est à noter que l’Avesta, tout en considérant l’est de l’Iran comme son pays proprement dit, sa terre sainte, fait naître son prophète Zoroastre au sud-ouest de la Caspienne, c’est-à-dire vers l’endroit que nous avons désigné comme le sommet du grand angle rempli par les peuples européens.

Serait-ce donc l’arrivée des Slaves, pressés entre les Mèdes et le Caucase, qui aurait déterminé l’ébranlement à peu près simultané des autres grandes familles ? Ce qui est certain, c’est que, en prenant le Caucase pour point de départ et en supposant une force de compression très intense en arrière de cette chaîne de montagnes, nous voyons les faits connus coïncider exactement avec les hypothèses qu’on pouvait fonder sur la nature des lieux et des hommes. Les peuples européens, en quittant le Caucase, ont opéré un grand mouvement de conversion sur le flanc gauche, les Grecs servant de pivot, et sauf quelque désordre causé par les Germains, qui ne surent ou ne voulurent pas conserver leurs distances, on peut dire que cette manœuvre s’accomplit avec une régularité vraiment majestueuse.

Faut-il borner là nos investigations ? Ne saurons-nous du peuple aryen primitif, du peuple anté-caucasien, que son nom, son territoire et les principales directions de son rayonnement ? C’est ici que