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Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 49.djvu/92

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Si on retranche 5 ou 6 millions qui servaient de réserve dans les mains de la Banque, la circulation active pouvait être de 40 millions de livres sterling. Voici les chiffres de la circulation active au 19 septembre 1863, tels que les donnait le journal anglais the Economist, dont les renseignemens sont les plus sûrs en matière de finances :

19 septembre 1863. — Billets au porteur émis :


liv. sterl.
Par la Banque d’Angleterre 20,970,780
les banques privées 3,024,000
les joint stock banks 2,817,517
Total 20,812,297
Ajoutons pour les banques d’Ecosse 4,114,276
Pour les banques d’Irlande 5,039,653
Total 35,906,226

Cette circulation des billets au porteur a donc diminué de plus de 100 millions de francs depuis 1858, et on a pu voir par les chiffres cités tout à l’heure le peu d’importance qu’avait la circulation des banques locales ; elle représente le quart de celle de la Banque d’Angleterre, soit 143 millions contre 510. Cette faculté d’émettre des billets au porteur a si peu d’attraits pour nos voisins et leur paraît si pleine de périls qu’on voit des banques qui ont le droit d’en émettre n’en pas user, et celles qui en usent le font dans des limites si restreintes que presque toujours elles ont une somme au moins égale en espèces ou en billets de la Banque d’Angleterre. Cette diminution de la quantité des billets au porteur n’a pourtant empêché ni l’Amérique ni l’Angleterre de développer leur industrie et leur commerce, et de continuer à prospérer. Enfin à Hambourg, dans la ville la plus commerçante du monde après Londres, il n’y a pas une banque d’émission. On n’y connaît pas le billet au porteur, et on n’imagine pas que les transactions en soient gênées et que l’intérêt de l’argent y soit plus cher qu’ailleurs, qu’en France notamment. Ainsi aujourd’hui l’escompte y est à 6 1/2 pour 100, tandis qu’il est à 7 pour 100 chez nous. Pourquoi en Amérique et en Angleterre fait-on un usage de plus en plus restreint des billets au porteur ? Et pourquoi sont-ils inconnus à Hambourg ? Parce qu’on a compris que de tous les moyens v de crédit c’était le plus dangereux et le moins efficace. En effet, quand il s’agit d’un billet de commerce, billet à ordre ou lettre de change, le souscripteur qui l’a mis en circulation a une époque déterminée d’échéance, un délai pour le payer. Il suffit qu’il soit prêt à cette époque pour que sa signature ne soit pas en souffrance, tandis qu’avec le billet au porteur l’échéance est de tous les momens. À tout instant, on peut en venir demander le remboursement, et comme il est émis précisément