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Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 50.djvu/927

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Quant à la marine militaire de l’Italie, tout en se développant depuis l’époque des annexions, elle est restée jusqu’ici dans des proportions modestes. Il n’y a point en effet de motifs urgens pour lui donner actuellement une grande extension; l’Autriche n’est point une puissance navale de premier ordre, et le commerce maritime de l’Italie, fort restreint encore, ne réclame pas la protection de nombreux bâtimens de guerre. Pour le moment, la flotte italienne comprend une petite escadre cuirassée formée de 12 frégates et 3 corvettes portant ensemble 358 canons, — 14 bâtimens à hélice, dont un grand vaisseau de 64, le Re Galantuomo 9 frégates et 4 corvettes portant ensemble 510 canons, — 15 petites corvettes à aubes et 10 bâtimens à voiles de petites dimensions, — enfin 8 canonnières à hélice armées chacune de à pièces. Cet ensemble représente 1,220 canons. Puis viennent 39 transports et avisos. Le personnel de la flotte, officiers, matelots, machinistes, etc., ne comprend pas plus de 13,000 hommes. Il y faut ajouter deux régimens d’infanterie de marine, dont on ne voit pas bien la destination, et qu’il a été question plusieurs fois de supprimer. Si on cherche le rang que l’Italie occupe parmi les puissances maritimes de l’Europe, on trouve qu’elle vient en huitième ordre, après l’Angleterre, la France, le royaume de Suède et de Norvège, la Russie, l’Espagne, la Hollande et l’Autriche. Elle occuperait cependant un rang plus élevé si on ne tenait compte que des gros bâtimens[1]. Deux écoles de marine, établies l’une à Gênes, l’autre à Naples, sont chargées de fournir des officiers à la flotte; mais elles sont peu fréquentées : elles ne comptaient ensemble en 1863 qu’une quarantaine d’élèves.

Cet examen des forces militaires de l’Italie nous montre donc qu’elle s’est mise en état de faire face aux éventualités de sa situation. Le dieu des batailles peut se réjouir de voir sur la terre d’Europe une grande armée de plus; mais une consolation reste à ceux qui ne veulent point mesurer le progrès des peuples d’après le nombre de leurs soldats : c’est que cette armée, où domine jusqu’ici l’esprit de sagesse et de modération qui distingue la nation italienne, sent elle-même qu’elle devra être considérablement réduite dès que l’indépendance sera suffisamment assurée; dès que les réductions seront possibles, elle s’y prêtera sans résistance. Que cet esprit puisse changer, si un désarmement se fait trop attendre, cela

  1. Les forces navales de l’Italie ont été réparties, par un décret du 22 février 1863, entre trois arrondissemens maritimes, dont le premier, ayant son siège à Gênes, comprend le littoral qui s’étend de la frontière française à la frontière romaine; le second, qui a Naples pour chef-lieu, s’étend de la frontière romaine au cap Sainte-Marie de Leuca et comprend la Sicile; Ancône est le siège du troisième, qui vu du cap Sainte-Marie de Leuca aux bouches du Po.