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les vapeurs intérieures qui tendront à s’échapper. Cette poussée de gaz et de matières fondues laissera sur les côtés toutes celles qui se trouvaient à la surface de la nappe liquide, et, leur communiquant sa force d’impulsion, les jettera en filons à travers les terrains qui doivent former les contre-forts de la chaîne. Les premiers jets qui affleureront dans les flancs de la montagne seront les filons de quartz aurifère et platinifère, puis viendront les minerais d’argent et de plomb, plus haut se trouveront les pyrites de cuivre et de fer ; enfin le granit seul couronnera le sommet. Telle est en effet la disposition que présentent les divers minerais, au dire de tous les mineurs, dans l’immense cordillère qui sillonne les deux Amériques.

Enfin il faut remarquer que c’est peut-être dans la nature même de la pesanteur que gît la raison de tous ces faits contradictoires. La pesanteur, telle qu’on l’a entendue jusqu’ici, est un mot vide de sens et la négation du principe fondamental de la mécanique, l’inertie de la matière. Si, comme les études les plus récentes sur la chaleur, la lumière, l’électricité, le magnétisme, le portent à croire, les ondulations de l’éther sont la cause mère de tous ces phénomènes, ne pourraient-elles pas aussi être l’origine première de l’attraction universelle ? Ce n’est pas du reste d’aujourd’hui que datent les premières atteintes portées à la conception newtonienne.

En résumé, l’or semble s’être porté dans les régions voisines de l’équateur par suite de la rotation terrestre et des marées intérieures que détermine la double attraction de la lune et du soleil. Absent aux environs du pôle, il devient de plus en plus abondant à mesure qu’on approche des tropiques. Les régions aurifères de l’ancien monde ont été de bonne heure épuisées, quelques-unes du nouveau le sont aussi ; mais il en reste de fort riches dans les déserts de l’Afrique, de l’Amérique et de l’Océanie. L’or se rencontre plus facilement dans le lit des rivières que partout ailleurs. Cela provient de ce que dans le travail des siècles la, gangue a été entraînée par les eaux, tandis que le métal, retenu par le poids, est resté sur place. Les coudes des rivières, les rochers, tous les obstacles en un mot qui arrêtent les paillettes, sont autant de gîtes privilégiés. Les bords de ces rivières sont nécessairement aurifères, soit à la surface, soit sur la terre végétale. L’or s’étant toujours porté à la surface, il est inutile, quand on est en présence d’une veine, de creuser au-delà de quelques mètres de profondeur. Les sables qui le contiennent proviennent de la désagrégation des quartz aurifères ; ceux-ci ne se trouvent que dans les contre-forts des grands systèmes de montagnes, et doivent leur origine aux filons lancés à travers l’écorce du globe par les forces souterraines lors de l’apparition de la chaîne.