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Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 57.djvu/716

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à leur égard la première peine avait été appliquée avec une centaine rigueur. On peut remarquer enfin, ce qui est beaucoup plus grave, qu’au moment où le jury s’est montré ainsi plus ferme, la progression des récidives n’en a pas moins marché parallèlement et coïncidé en quelque sorte avec ce redoublement de sévérité…

Cette rapide analyse des élémens divers de la criminalité, tels qu’ils se sont produits dans ces derniers temps, permettra de suivre plus aisément, et sans doute aussi avec plus d’intérêt, ce qui va être dit des réformes proposées pour modifier un état de choses dont il importait de bien constater avant tout la gravité. Parmi ces réformes se présentent tout d’abord et en première ligne celles spécialement indiquées par M. Bonneville et déjà signalées comme dignes d’une attention toute particulière. L’une, on se le rappelle, aurait pour objet l’abolition ou tout au moins une nouvelle réglementation de la faculté de déclarer l’existence des circonstances atténuantes : l’on y gagnerait, dit-on, une plus grande puissance d’intimidation. L’autre introduirait une grave innovation dans la discipline des maisons de détention en offrant aux condamnés la perspective de la liberté préparatoire avant l’entier accomplissement de leur peiné ; on affirme que cette liberté tendrait à l’amendement moral des condamnés, et pourrait faciliter ainsi leur reclassement dans la société. On croit enfin que ces deux réformes sauraient pour résultat de réduire notablement le nombre des récidives. Il ne reste plus maintenant qu’à les soumettre l’une et l’autre à un examen attentif.


I

Il y a déjà longtemps que, dans un certain monde, la critique des dispositions de l’article 463 du code pénal, relatif aux circonstances atténuantes, paraît une chose convenue et sur laquelle il n’y a plus à revenir. Il ne faudrait pas trop s’en étonner : c’est qu’ici plus qu’en toute autre matière l’abus est bien près de l’usage, et que de l’un à l’autre le sentier est étroit et glissant ; les chutes sont donc faciles et, si l’on veut, beaucoup trop fréquentes. Puis, ce qui n’est pas non plus de nature à favoriser l’immunité de l’abus, en tant qu’il échapperait aux regards, c’est qu’il tend à se produire sous des formes si piquantes, que chacun, chemin faisant, y regarde et se plaît à y regarder. Aussi, pour ceux qui font profession de raconter les débats des procès criminels, quelle heureuse fortune de pouvoir égayer ou, si l’on aime mieux, intéresser la foule par le contraste, quelquefois très original, je l’avoue, des faits d’audience de la couleur la plus noire avec des condamnations d’une bénignité à peu près inexplicable ! Or tout le monde est un