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Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 85.djvu/31

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JEAN CHRYSOSTOME
ET
L’IMPÉRATRICE EUDOXIE


Chrysostome à Cucuse. — Consolations à Olympias. — Propagande chrétienne en Phénicie,
en Gothie et en Perse[1].


I.

Cucuse, où s’acheminait Chrysostome, était une petite et pauvre ville, ou plutôt une bourgade fortifiée, placée dans une profonde vallée du Taurus, au point de jonction des routes qui conduisaient de Cappadoce en Perse et des provinces syriennes dans l’Arménie supérieure. Comme station militaire, elle n’était pas sans importance : une garnison nombreuse et ordinairement bien choisie y veillait à la sûreté des rares voyageurs en passage et à la protection des habitans. Rien de plus désolé que ce pays, où l’on apercevait à peine de loin en loin quelques hameaux groupés autour d’une maison de maître ; quant à la ville, elle était dénuée de toute ressource, même pour les premiers besoins de la vie. Un climat insupportable régnait dans la vallée, où l’on passait sans transition d’une chaleur lourde et étouffante, température de l’été, à des froids d’hiver excessifs, et l’hiver commençait à Gueuse dès que la neige envahissait les hautes cimes du Taurus. Le flanc des montagnes, à perte de vue, était couvert d’épaisses forêts et percé d’une multitude de cavernes où aurait pu loger à l’aise tout un peuple de troglodytes. On montrait

  1. Voyez la Revue du 15 juin 1869.