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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 100.djvu/405

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désirs, et à quels efforts, à quels sacrifices elle doit se résigner pour rentrer complètement en possession d’elle-même. Il paraît donc utile d’examiner à ces divers points de vue les négociations qui viennent d’aboutir au traité de Versailles.


I

Pour apprécier les dispositions du traité du 29 juin 1872, relatives au paiement de l’indemnité et à l’occupation du territoire français par l’armée allemande, il est nécessaire de rappeler les termes des conventions antérieures.

D’après les préliminaires de paix signés à Versailles au lendemain de l’armistice, 1 milliard de l’indemnité était payable dans le courant de l’année 1871, et les 4 milliards de surplus dans le délai de trois ans ; l’évacuation devait s’effectuer graduellement, de telle sorte qu’après le paiement de 2 milliards les six départemens de l’est et le territoire de Belfort fussent seuls occupés, à titre de gage, par une garnison allemande de 50,000 hommes soldés et entretenus aux frais du trésor français.

Le traité de Francfort, conclu le 10 mai 1871, alors que la commune était encore maîtresse de Paris, aggrava ces dispositions. Il stipula que la France aurait à payer dans le courant de l’année non plus seulement 1 milliard, mais 1 milliard 1/2, et que la somme de 500 millions, complétant 2 milliards, serait payée au 1er mai 1872. À cette époque et après ce paiement effectue, l’occupation devait être restreinte aux six départemens de l’est et au territoire de Belfort en garantie des 3 milliards restant à solder.

L’emprunt de 2 milliards, souscrit au mois de juin 1871, permit à la France de remplir ses engagemens par le paiement de 1 milliard 500 millions stipulés par le traité de Francfort et de pourvoir à l’acquittement ultérieur des 500 millions qui complétaient les 2 milliards. Ce fut alors que le gouvernement français engagea les négociations qui aboutirent aux traités de Berlin, signés le 12 octobre 1871, traités aux termes desquels fut obtenue immédiatement, en échange de garanties reconnues suffisantes et de concessions douanières en faveur de l’Alsace-Lorraine, l’évacuation anticipée de six départemens qui, d’après les conventions antérieures, auraient dû être occupés jusqu’au 1er mai 1872.

Voici donc quelle était, à cette dernière date, la situation : la France avait payé 2 milliards ; six de ses départemens et Belfort étaient encore occupés, et devaient continuer à l’être jusqu’au 1er mars 1874, date fixée pour le paiement des 3 milliards formant