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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 100.djvu/59

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séparant du pays des Ampatres le territoire de Caremboule, qui s’étend jusqu’à la mer, une contrée sèche, aride, ayant néanmoins des pâturages, et où la culture du coton s’est très développée. Le pays des Mahafales, qui est très boisé, occupe l’extrémité sud-ouest de la Grande-Terre, limité au nord par la rivière Sacalit. Les Mahafales possédaient les plus beaux troupeaux qu’on pût voir dans l’île. Fort enrichis par les rapines exercées chez leurs voisins, n’ayant point de demeures fixes, ils ne cultivaient pas, se nourrissant simplement de viande, de lait, de racines arrachées dans la forêt, ils se contentaient de cabanes isolées, construites dans les bois selon les exigences du séjour des bestiaux. Les femmes fabriquaient des pagnes ou de coton ou de soie ou de fibres d’écorce de palmier. On assurait que dans cette région il existait quantité d’aigues-marines et d’améthystes de la nuance des fleurs du pêcher. Quelques peuplades voisines des Mahafales étaient encore distinguées par nos compatriotes. La rivière d’Anhoulahine, belle et large comme la Loire, dit notre historien[1], s’ouvre dans la baie appelée de Saint-Augustin depuis les reconnaissances des Portugais. C’est le point de la côte occidentale de Madagascar qui a toujours été particulièrement fréquenté par les navires européens. Des Anglais, au nombre d’environ quatre cents, débarquèrent en cet endroit peu de temps après l’installation des Français au fort Dauphin. Vraiment malheureux, ils quittèrent bientôt le pays[2] ; les indigènes refusaient de vendre des vivres à ces étrangers, les déclarant lâches, parce qu’ils ne voulaient pas les accompagner à la guerre contre leurs ennemis. Les Français, se plaisant dans les aventures périlleuses, se montraient mieux disposés ; avec des partis malgaches, ils avaient été guerroyer bien loin dans le nord, et se réjouissaient d’avoir eu bonne part d’un riche butin. Un objet de constante préoccupation pour les Européens était l’or, qu’on disait très répandu dans le bassin de l’Anhoulahine. Notre ancien historien de Madagascar s’occupe beaucoup des Machicores, un peuple qui possédait une vaste région traversée par la rivière Masikoura entre les Mahafales et les Ampatres (Antandrouis des cartes modernes). Ce pays, autrefois riche, était ruiné par les guerres ; les habitans, réfugiés dans les bois afin d’éviter les surprises, ne cultivant pas, vivaient de racines et de la chair de bœufs sauvages très nombreux dans la contrée. Des Français avaient encore fait des courses au nord de la baie de Saint-Augustin jusque vers le 19e degré de latitude ; ils ne fournirent que de vagues indications. Tous aimaient le climat des côtes de

  1. Flacourt écrit Yonghelahé.
  2. Un ouvrage qui semble se rapporter à cette expédition, Boothby’s Description of the famous island Madagascar, a été publié vers le milieu du XVIIe siècle. Nous n’avons pu nous le procurer ; il n’est pas cité par les écrivains anglais.