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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 100.djvu/623

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gouvernement des Ovas. Laissant un navire et une garnison à Tintingue, il revient à Tamatave, et se prépare au combat. Le prince Coroller ayant affirmé qu’il n’avait pas reçu de la reine Ranavalona les pouvoirs nécessaires pour traiter, un officier français lui remet une déclaration de guerre accompagnée d’une lettre annonçant l’ouverture des hostilités. Aussitôt le feu commence, le fort est détruit, les Ovas abandonnent les positions ; un détachement de troupes mis à terre les poursuit et achève le succès. Les Betsimisarakes offrent de se soulever contre les Ovas ; de même que dans d’autres circonstances analogues, on se trouve dans l’impossibilité de laisser une force qui permettrait de profiter de ces dispositions favorables à notre cause. M. Gourbeyre se dirige sur Foulepointe ; ici nos soldats subissent un échec, mais à la Pointe-à-Larrée les Ovas qui menaçaient Tintingue et Sainte-Marie sont culbutés.

Ces actes vigoureux avaient inspiré la terreur dans la province d’Imerina. Deux envoyés de la cour de Tananarive, accompagnés du prince Coroller et du général qui commandait l’armée des Ovas sur la côte orientale, vinrent solliciter une entrevue du chef de l’expédition française ; ils apportaient des lettres de la reine et témoignaient le désir de conclure la paix. Ils promirent que l’on accorderait les réparations dues à la France, et s’en allèrent emportant un traité dont la ratification ne semblait pas douteuse. Cette rectification refusée néanmoins par Ranavalona, selon toute apparence à l’instigation des missionnaires anglais, il fallut songer à reprendre les hostilités. A la demande de M. Gourbeyre et du conseil de Bourbon, le ministre de la marine résolut d’expédier une force imposante : intimider les Malgaches, obtenir sans nouveau combat les satisfactions réclamées, c’était le désir et l’espoir du gouvernement français. Sans attendre les renforts annoncés, M. Duval-Dailly, qui venait de succéder au comte de Cheffontaines, se croyant certain des dispositions pacifiques de la cour de Tananarive, se hâte maladroitement d’envoyer un agent près de la reine. M. Tourette, secrétaire de l’administration de Sainte-Marie, est choisi pour remplir cet office ; M. Rontaunay, un industriel qui à Mahela, près de Tamatave, exploitait une sucrerie dont il partageait les bénéfices avec Ranavalona, est chargé, sans caractère officiel, de se rendre à la capitale et d’employer son influence personnelle pour le succès de la négociation. M. Tourette partit de Tamatave avec une escorte fournie par le prince Coroller ; mais, avant d’être arrivé à sa destination, le premier ministre de Ranavalona se présente et s’annonce comme ayant tout pouvoir pour conférer sur l’objet de la mission. Malgré une insistance extrême pour continuer son voyage, l’agent français fut obligé de revenir. M. Rontaunay alla jusqu’à Tananarive sans être beaucoup