Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 100.djvu/962

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
956
REVUE DES DEUX MONDES.

anciens, qui n’en soupçonnèrent pas l’universelle puissance ! Depuis le temps où la reine Elisabeth d’Angleterre proscrivait l’emploi de la houille sous prétexte que cela empoisonnait l’air, la face du monde a été renouvelée par la chaudière à vapeur et par les hauts-fourneaux. Cependant, à prendre sur toutes ses faces la chimie technologique, c’est encore dans l’industrie de l’éclairage que nous trouverions les plus remarquables inventions. Quoique la lampe antique fût élégante de forme, on serait mal venu de la comparer à la modeste lampe modérateur de notre siècle, et le vieux réverbère des rues aux becs de gaz des villes modernes. Encore ici, le progrès n’a pas dit son dernier mot ; la lumière oxhydrique et l’éclairage électrique, après bien des essais avortés, se représentent avec de meilleures chances de succès.


H. BLERZY.



Les Deux Follet de Paris (juillet 1810 — mars 1871), par M. Drapeyron-Seligmann.


Ce livre est assez difficile à définir, et ne se prête pas à une rapide analyse. Malgré le titre, qui ferait croire à une mise en scène dramatique de notre histoire contemporaine, c’est un livre de théorie plutôt qu’un récit historique. C’est une critique quotidienne des principaux événemens de la guerre étrangère et de la guerre civile, faite au jour le jour dans une série d’articles destinés à la presse, mais avec de bien autres préoccupations que celles du journalisme vulgaire. L’auteur est, comme il le répète volontiers lui-même, un savant et un moraliste plutôt qu’un homme d’action et de combat. Il conserve tout son sang-froid au milieu des catastrophes dont il cherche à pénétrer les causes, et il dissèque l’histoire contemporaine pour ainsi dire tout en vie, avec la curiosité et la précision d’un chirurgien qui ferait des expériences sur un champ de bataille, au milieu des mourans et des blessés. Il est évident qu’il se complaît dans ces hauteurs sereines dont parle le poète, sapientum templa serena, et que ni les fumées de la poudre, ni celles même du patriotisme ne troublent l’ordre méthodique de ses investigations et l’imperturbable sagacité de ses jugemens.

Son but est, comme il le dit lui-même, de faire connaître « sa méthode politique. » A ses yeux, la politique est une science de même nature que la physiologie. « Elle ne comporte pas plus que les autres l’à-peu-près et la fantaisie. Les solutions qui en dérivent sont forcées, en ce sens qu’elles résultent avec un caractère d’évidence et de nécessité de l’examen des faits scientifiquement interrogés, et que non-seulement on ne peut pas faire autrement que de les concevoir, mais qu’on ne peut pas même en concevoir d’autres. « Il ne faut pas, comme la plupart des philosophes politiques qui nous ont précédés, se borner à l’étude des formes constitutionnelles, qui ne sont qu’une apparence, il faut étudier le fond constitutif, d’où les formes elles-mêmes découlent avec une