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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 102.djvu/519

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L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE
AUX ÉTATS-UNIS


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Tandis que la France essaie de fixer les institutions sous lesquelles elle veut vivre, et que nos partis politiques s’attardent encore dans de stériles discussions sur les diverses formes de gouvernement théoriquement possibles, la grande démocratie américaine vient de procéder à l’exercice du plus important de ses droits souverains en renommant pour quatre années le premier magistrat de la république. Cette épreuve nouvelle des libres institutions du pays en démontre une fois de plus la valeur. Jamais on n’a vu d’élection plus sage et plus sainement conservatrice. Elle n’a produit aucun bouleversement dans les idées, aucun trouble sérieux dans les habitudes, aucune panique dans les intérêts matériels, aucun changement de politique dans le gouvernement, ni même aucun changement de personnes dans l’administration proprement dite. Elle a purement et simplement confirmé et raffermi l’autorité du général Grant et l’influence des idées modérées qu’il représente. Voilà déjà douze ans que le parti qui a sauvé l’union nationale, aboli l’esclavage, abattu l’esprit d’insurrection dans les états du sud et fait rentrer les gouvernemens locaux dans la mesure de leur pouvoir légal est en possession du gouvernement fédéral et de la grande majorité du pays ; l’élection qui vient d’avoir lieu lui en assure la possession pour quatre années de plus. C’est là un exemple de stabilité bien rare dans les gouvernemens représentatifs, et même sous le régime absolu. Il faut reconnaître que, malgré les agitations bruyantes et les apparens désordres des gouvernemens populaires, les démocraties exercées dans l’usage de-leurs droits sont aussi fermes dans leurs desseins, aussi