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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 102.djvu/743

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signer un engagement de deux ans seraient conservés, que les autres étaient libres de se retirer. Après cette visite, des instructions ont été envoyées par le ministre de la guerre à l’inspection générale de l’armée, lui prescrivant d’avoir recours désormais pour remplir les cadres à des enrôlemens volontaires jusqu’à ce que le pouvoir législatif ait statué sur le projet de loi qui lui est soumis. En vertu de ce projet, le système de l’enrôlement forcé devenu odieux, et dont les résultats, quant à la qualité et à la composition de l’armée, ont toujours été déplorables, sera remplacé par celui de la conscription, qui est proposé par le gouvernement comme le mode de recrutement le plus sûr et le plus avantageux pour le pays. En outre il a été décidé que tous les châtimens corporels en usage jusqu’à ce jour seraient abolis.

Ce n’est pas seulement l’armée qu’il s’agit de réorganiser. La situation économique et administrative du Pérou exige incontestablement de nombreuses réformes, et ce pays n’a encore développé qu’une partie de ses ressources. Le président de la république est venu lire en personne devant le congrès, le 21 septembre, un exposé de la situation financière. Les graves révélations faites par le chef de l’état sur les embarras du trésor avec autant de clarté que de franchise ont vivement ému les chambres et l’opinion publique. Le président déclare que, le gouvernement se trouvant forcé de recourir au crédit extérieur et au crédit, du pays lui-même pour sortir des difficultés intérieures, la condition nécessaire et préalable est de rétablir immédiatement l’équilibre dans le budget entre les recettes et les dépenses.

Pour atteindre ce but, le message annonce que le gouvernement, ne pouvant recourir aux impôts directs à cause des difficultés du recouvrement, ne voit que trois moyens qui devront être employés simultanément : 1° la décentralisation municipale, dont la loi vient d’être soumise au congrès, et qui rendra les contributions actuelles plus productives par les nouvelles taxes établies dans chaque localité ; 2° un impôt sur le salpêtre ; 3° une élévation des droits de douane existant, jointe à une taxe nouvelle sur des articles qui en étaient affranchis jusqu’à ce jour…

La journée du 20 septembre n’a point amené, comme on le craignait, le retour des scènes fâcheuses dont la ville de Lima fut le théâtre l’année dernière. La colonie italienne, il y a un an à pareille époque, voulut fêter l’anniversaire de l’entrée des troupes italiennes à Rome, et projeta une grande manifestation. Le parti libéral péruvien, qui faisait alors une vive opposition au gouvernement du colonel Balta, profita de l’occasion, et organisa un meeting, qui eut lieu sur la place où s’élève la statue de Bolivar. Le président fit cerner cette place. La foule fut chargée, dispersée violemment, et de nombreuses arrestations eurent lieu. Cette année, le parti libéral, dont le chef est au pouvoir, a évité tout ce qui aurait pu être une. cause ou un prétexte de désordres. Convaincu d’une part qu’il