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venait à l’embouchure du Mouroundava, et pour la seconde fois il allait hiverner à Amboundrou.

Le 15 mars 1870, le temps était superbe, le voyageur dit un dernier adieu à sa résidence d’hiver, et sur une pirogue à balancier il se rend par mer à l’embouchure de la petite rivière de Maïtampake, sous le 21e degré de latitude. Traversant un pays peu habité où continuellement des bandits enlèvent du bétail et des hommes, il arrive au fort Manza, le poste des Ovas le plus avancé au sud chez les Sakalaves, et il reconnaît une chaîne de montagnes de formation secondaire en avant du massif granitique. Il entre de nouveau dans le pays des Betsiléos, passant cette fois dans la région tout à fait méridionale, et se porte à la capitale de la province, Fianarantsoua, la seconde ville de Madagascar. Bientôt il poursuit le chemin vers la côte orientale ; le paysage prend un autre aspect, les montagnes, comme entassées, sont en partie couvertes de forêts, le sol se montre fertile. Enfin M. Grandidier arrive à Mananzarine ; en trente-neuf jours, il avait traversé en entier la Grande-Terre de l’ouest à l’est.

Des bords du Mananzarine, l’explorateur se dirige au sud en suivant la côte, et vient, aux rives du Matitanane, visiter le pays où, encore aujourd’hui comme au temps de Flacourt, vivent les descendans des Arabes qui à une époque reculée se sont établis sur le littoral de la grande île africaine ; puis, remontant au nord jusqu’au Mangourou, sous le 20e degré de latitude, il étudie les lagunes et les canaux parallèles à la côte, il rectifie sur la carte la position mal indiquée de plusieurs embouchures de rivières, et note des criques, des ports, même des rivières, qu’on n’a jamais signalés. — Du village de Mahanourou, l’explorateur retourne à Tananarive par une voie qui n’est connue que des Malgaches ; on traverse des vallées fertiles, une partie de la forêt d’Analamazaotra, et l’on passe au pied de montagnes abruptes. Dans la capitale d’Imerina, M. Grandidier réussit à faire les observations astronomiques qui le préoccupaient depuis une année ; ses études sur le pays des Ovas étant achevées, il revient par la route ordinaire à Andouvourante, revoit Tamatave et la Pointe-à-Larrée avec l’intention de relier entre elles les différentes parties de ses travaux géodésiques, et à la fin du mois d’août 1870, se trouvant fatigué, il quitte Madagascar après un séjour de près de deux ans et demi, assez satisfait sans doute du succès de son entreprise, mais encore malheureux d’abandonner un champ d’exploration qui ne sera pas de si tôt épuisé.