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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 102.djvu/966

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les vaisseaux d’une grenouille, et retrouver au bout d’un certain temps chez cette dernière les globules encore vivans et facilement reconnaissables de l’animal supérieur. On greffe sans difficulté dans la crête d’un coq soit des ergots empruntés au même oiseau, soit des dents de mammifère ; mais ces faits n’ont jusqu’ici qu’un intérêt de curiosité et ne doivent pas nous arrêter.

On a vu que les os peuvent se régénérer facilement au moyen du périoste. Cette propriété a suggéré l’idée à plusieurs. expérimentateurs de transplanter des fragmens de périoste dans diverses régions, afin de voir s’ils y donneraient lieu à une formation osseuse. M. Ollier entre autres a fait voir que la membrane périostique, détachée entièrement de l’os et greffée dans un lieu éloigné, produit par sa face profonde un os nouveau. Il a obtenu une reproduction semblable en greffant, non tout le périoste, mais seulement les cellules qui constituent la couche rudimentaire adhérente à cette membrane et qui sont les véritables ouvrières de l’élaboration osseuse. M. Goujon a réalisé des productions osseuses en greffant de la moelle. L’introduction de quelques cellules médullaires sous la peau d’un chien par exemple y a déterminé au bout de quelques mois le développement d’un petit os. Les chirurgiens avaient espéré un instant tirer parti de ces faits pour la reproduction des parties osseuses. Quelques-uns prétendent même avoir refait des nez ; mais il est établi aujourd’hui que les os provenant de la greffe du périoste ou de la moelle ont une tendance invincible à se résorber, à disparaître, au bout d’un temps plus ou moins long, par suite des conditions défavorables où ils se trouvent, au point de vue de la nutrition. Sans connexions vasculaires ou nerveuses, ils sont comme des corps étrangers dans la région où ils se sont développés.

On peut rattacher à la greffe osseuse les expériences, encore en voie d’exécution, dont s’occupent MM. Magitot et Legros, concernant la greffe des dents. Les dents naissent d’un petit sac nommé follicule dentaire, dans lequel on distingue l’organe de l’ivoire ou bulbe, et l’organe destiné à la production de l’émail. En greffant sur un chien adulte un follicule entier pris à un chien nouveau-né, ces expérimentateurs ont constaté le développement régulier de ce germe et la production d’une dent complète. L’organe de l’émail, greffé seul, n’a point continué de vivre ; le germe de l’ivoire, au contraire, a donné lieu à une formation d’ivoire normal. Enfin, lorsque le follicule, greffé en totalité, a été soit intentionnellement, soit accidentellement lésé pendant l’expérience, on constate l’apparition d’une sorte de tumeur osseuse. Ces recherches pleines d’intérêt permettent d’espérer qu’on pourra un jour réaliser, dans des conditions nettement déterminées, la prothèse physiologique