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comme une réserve toujours prête à punir les agressions des Chinois. Ceux-ci abondent à Hong-kong : on en compte 150,000 contre 2,000 Anglais ou Américains. Cette nombreuse population permet de lever des impôts suffisans pour payer toutes les dépenses de l’administration civile. Le budget colonial supporte même une bonne partie des dépenses militaires. Au reste Hong-kong, de même que Labuan et Singapour, vit sous l’autorité absolue d’un gouverneur. Un conseil législatif, composé de fonctionnaires et de quelques membres nommés par la couronne, est plutôt fait pour donner des avis que pour exercer un contrôle efficace.

Les stations dont il vient d’être parlé sont des créations modernes qu’explique le prodigieux développement du commerce dans l’extrême Orient. Sainte-Hélène a joué un rôle analogue depuis deux cents ans sur la route maritime de l’Inde et du Cap en Europe. C’était un port de relâche précieux au temps des longues traversées ; ce n’est plus maintenant qu’un poste secondaire. La compagnie des Indes orientales, qui en était concessionnaire, en avait fait un établissement important, avec de nombreux états-majors d’officiers civils et militaires. Les choses sont restées depuis sur le même pied par habitude, quoique les besoins ne soient plus les mêmes. On y trouve une garnison de 450 hommes, avec quelques vieux canons, incapables de résister à une attaque sérieuse. Pour 6,000 habitans, il y a un gouverneur richement doté d’un traitement annuel de 50,000 francs, un juge qui reçoit 18,000 francs, un évêque anglican avec trois chapelains sous ses ordres. Est-il besoin d’ajouter que le budget local se solde toujours par un déficit que la métropole prend bénévolement à sa charge ? Les îles Falkland, moins peuplées encore, et qui ne sont guère plus utiles, possèdent le même luxe d’état-major. Elles sont situées sur la route des navires qui doublent le cap Horn ; mais tous les marins qui suivent cette route n’y relâchent pas. Ainsi en 1865 on n’y vit que 70 bâtimens, et en cette même année la dépense de la station s’élevait à 7,000 livres sterling, la recette à 1,100 livres. Quant aux Bermudes, qui complètent la série des stations hors d’Europe, c’est autre chose. Le climat est salubre, la mer y produit du poisson en abondance, le port y est magnifique et peut abriter une escadre entière. C’est une véritable forteresse que la Grande-Bretagne possède au milieu de l’Atlantique, à peu de distance du littoral américain. La population, qui n’est que de 12,000 âmes, vit dans l’aisance et paie bien les impôts ; le budget est en équilibre. L’archipel des Bermudes est sans contredit l’une des possessions les plus précieuses de la couronne britannique.

Pour terminer, il reste à dire quelques mots des trois stations situées dans les mers d’Europe, Gibraltar, Malte et Heligoland.