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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 97.djvu/560

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L’intérieur des terres est aride et desséché ; les sources sont très rares, et, par un singulier phénomène géologique, l’eau des pluies ne séjourne pas à la surface : elle se rend immédiatement à la mer par des cavités souterraines. Les vallées sont recouvertes d’une végétation clair-semée, composée de bouquets de pins et d’arbustes odorans, dont la verdure sombre contraste avec l’éclatante blancheur des sommets calcaires. Le voyageur qui parcourt ces contrées sauvages ne tarde pas à reconnaître les restes nombreux des exploitations antiques ; à chaque pas, il rencontre cachée sous une touffe de genévriers l’ouverture béante d’un puits ou d’une galerie, il aperçoit des débris de constructions, des amas de scories noirâtres, étalées sur de larges surfaces au penchant des collines ou dans le fond des vallées, des monticules arrondis qui interrompent la régularité des mouvemens du sol et qui, sous le manteau de terre végétale dont ils sont recouverts, se composent de fragmens accumulés, colorés par des imprégnations métalliques et arrachés des entrailles de la terre. La nature, qui efface lentement, mais sûrement, les traces du travail humain, n’est pas encore parvenue à faire disparaître ces témoins du labeur de vingt générations.

Les gisemens métalliques se présentent en filons et en couches puissantes, intercalées au contact des micaschistes et des calcaires, et se poursuivant sur de grandes étendues avec une continuité et une régularité remarquables. Ils sont formés de galène (plomb sulfuré) argentifère disséminée dans une gangue de fer carbonate spathique, avec des minerais de zinc, d’antimoine et des traces de cuivre. D’après Pline, on trouvait également dans les mines d’argent de Thorico des émeraudes de qualité inférieure.

L’exploitation des mines du Laurium remonte à la plus haute antiquité. Pline raconte qu’elles auraient été découvertes par Érichthonius, roi d’Athènes au XVe siècle avant notre ère ; d’après Xénophon, personne de son temps n’essayait de dire depuis quelle époque elles étaient ouvertes. La classification des citoyens d’après leurs revenus ordonnée par Solon prouve que les fortunes d’Athènes étaient alors fort restreintes, d’où l’on peut conclure que l’exploitation des mines ne donnait pas encore de grands bénéfices ; mais elle se développa rapidement au siècle suivant. Du temps de Thémistocle, l’état percevait une redevance en nature d’un vingt-quatrième du produit des mines ; chaque citoyen recevait 10 drachmes, sur les impôts ainsi prélevés, et comme la population d’Athènes, comptait au moins 20,000 personnes, on voit que le produit des mines devait s’élever à 4,800,000 drachmes (environ 4,300,000 francs). Trente ans plus tard, sous Périclès, l’exploitation atteignit son apogée ; les revenus qu’elle procurait à l’état servirent à payer les énormes dépenses occasionnées par la construction des édifices publics et par