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ciment pour l’eau chaude du rinçage, des essoreuses et des étendoirs. Un peu plus loin, il y a, pour les soins de propreté, des cabinets de bains, quelques-uns munis de douches, et une vaste piscine pour les nageurs.

Quant à la lumière, il a suffi de lui faciliter le jour, l’accès : hauteur des pièces, dimensions des fenêtres, largeur et abords des escaliers, espace destiné aux communs, grandeur des cours, développement des jardins et des avenues qui précèdent les constructions. De nuit, c’est le tour du gaz, et, grâce à la bonne disposition des bâtimens, il peut circuler partout avec abondance. Ainsi un seul bec dans chaque cour suffit à éclairer convenablement les cours, les escaliers, les galeries et l’entrée des logemens. C’est le système de galeries ou balcons à tous les étages qui facilite le plus l’éclairage économique des bâtimens : trois becs de gaz suffisent à la circulation de 1,500 locataires. Le dimanche, on allume quatre becs dans chaque cour, et les jours de fête seize becs donnent une illumination complète. Le gaz se retrouve d’ailleurs partout où se réunit un certain nombre de sociétaires, dans les magasins et les débits, dans les salles de réunion, les écoles, le théâtre, la salle des conférences ; il s’arrête, il est vrai, à la porte des logemens, mais il n’y est remplacé ni par la chandelle de résine, ni par la lampe à lumignon. C’est la bougie stéarique, ce sont des lampes à ressort qui éclairent l’intérieur et autour desquelles on s’assied pour des lectures de famille.

Nous venons d’assister à l’éclosion du familistère au moment où il sort, armé de pied en cap, du cerveau de son fondateur. Le tableau est monté en couleur, et les descriptions sont un peu surfaites, mais le fond est réel ; les constructions ont bon air, sont solidement et ingénieusement établies, convenablement appropriées aux services. Maintenant, à combien reviennent-elles et quel profit peut-on en tirer ? C’est un autre examen, un autre calcul à faire. Avant d’en livrer les élémens à la publicité, M. Godin déplore une fois de plus qu’on l’ait forcé de rester le seul maître, le seul propriétaire de son œuvre. Il s’en prend à la loi, qui ne s’est pas prêtée à ses vues et ne lui a pas permis d’appliquer à la population de ses ateliers un mode de répartition qu’il avait imaginé. « Chaque employé ou ouvrier, dit-il, aurait pu recevoir depuis la fondation du familistère en moyenne 150 francs pour chaque mille francs de salaire ou 15 pour 100. » Les bénéfices du travail et du capital auraient été ainsi mis en équilibre, ce qui est de toute justice et eût été. un grand bienfait pour la génération actuelle, comme on va le voir. « Si le dividende afférent au travail, conclut en effet M. Godin, lui avait été accordé, et si ce dividende avait été converti en actions sur le palais des travailleurs et sur l’usine où ils sont occupés, tous