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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 99.djvu/275

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LA
CHAMBRE DES COMMUNES
ET
LE GOUVERNEMENT PARLEMENTAIRE


I

Il n’y a pas d’assemblée plus auguste que le parlement anglais ; son nom va de pair avec celui du sénat de Rome. Elle a été le berceau de la liberté moderne ; les règles, les lois, les formules du gouvernement « parlementaire » ont été adoptées de tous les pays civilisés. Dans tout l’univers, on sait ce que veulent dire ces mots : motion, résolution, amendement, budget, ordre du jour. Rome a fait la grammaire du droit civil, l’Angleterre a fait la grammaire politique. Elle apprit à l’Europe, à l’Amérique, à l’Australie, au monde entier, à connaître, à envier un certain idéal de gouvernement qui met la force au service de la raison, qui livre le pouvoir à l’intelligence, qui, en conciliant les besoins du présent avec les droits du passé, empêche les révolutions par les réformes, impose des réserves à toutes les impatiences et des freins à toutes les ambitions.

L’histoire des parlemens anglais se perd dans la nuit féodale : les premiers font penser à ces réunions que peint Tacite, décrivant les mœurs des Germains[1]. La grande charte du roi Jean ne créa pas une véritable représentation nationale : elle n’appelait au conseil

  1. « Mox rex vel princeps, prout ætas cuique, prout nobilitas, prout decus bellorum, prout facundia est audiuntur, auctoritate suadendi magis, quam jubendi potestate. »