Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 99.djvu/358

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme toujours, un professeur particulier pour les mettre à exécution. » Le mouvement avait été plus général que M. Beaudoin ne paraissait le croire. En 1862, une école de ce genre avait été fondée dans le Wurtemberg ; depuis lors, il n’est guère de ville importante d’Allemagne où n’ait surgi quelque institut pour préparer les jeunes filles aux carrières commerciales. Il y a cinq ans environ, naquit la première association pour le développement industriel des femmes (Frauenbildungsverein zur Förderung der Erwerbsfähigkeit). De semblables comités se sont successivement constitués à Breslau, à Leipzig, à Hambourg, à Prague, à Vienne, à Berlin, à Brème et dans bien d’autres lieux. En général, ces associations créent des écoles professionnelles et industrielles pour les femmes (Handels-und Gewerbe schule). Ces écoles comprennent d’ordinaire un enseignement commercial complet et quelquefois des ateliers pour la couture mécanique ou pour quelques autres fabrications, comme celle des gants ou des enveloppes à lettres. Il est rare qu’elles préparent les jeunes filles aux arts industriels ; leur activité est tournée d’un autre côté. Voici la distribution des études et des travaux dans une de ces institutions, celle de Brieg, qui fut ouverte le 7 avril 1869 : deux leçons par semaine pour la composition allemande et les comptes-rendus d’affaires, deux leçons de tenue des livres, deux de calcul y compris l’étude des poids et mesures, du système décimal et de la comptabilité, deux leçons pour l’histoire du commerce et pour l’organisation commerciale, deux leçons pour les sciences naturelles, deux également de technologie, deux de géométrie, quatre leçons de dessin, deux leçons enfin pour les ouvrages de femmes de tout genre. On le voit, c’est l’enseignement commercial qui domine ; il ne faut pas oublier que les Allemands sont un des peuples du monde les plus habiles au commerce.

Dans quelques villes où il n’existe pas d’écoles professionnelles pour les femmes, elles peuvent suivre à certaines heures, dans les établissemens spécialement destinés aux hommes, les cours qui leur sont réservés : c’est toujours la tenue des livres, la correspondance d’affaires, la rédaction des bordereaux, des quittances, l’économie domestique, qui forment le fond de cet enseignement. Tous ces cours trouvent faveur et ont un nombreux auditoire. La plupart des écoles professionnelles pour les femmes ont de 50 à 100 élèves ; celle de Vienne a donné de l’instruction à plus de 700 jeunes filles. A quelques-unes de ces institutions sont joints des bureaux pour placer les ouvrières et pour leur chercher de l’ouvrage ; d’autres ont pour annexes des bazars, où sont mis en vente les produits du travail des femmes. Quoique les carrières commerciales soient l’objet principal de ces associations, il en est qui font une part exclusive à