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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 99.djvu/362

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a quatre. L’enseignement du dessin était précédé dans cet institut par de substantielles études générales ; il était suivi d’un apprentissage méthodique de l’art industriel auquel se destinait spécialement l’élève ; en troisième lieu, la maison était en relations avec des patrons ou des personnes du monde, ce qui facilitait le placement des jeunes filles sortant de l’établissement ; enfin une rétribution légère était exigée des élèves, condition qui éloignait les incapables et les paresseuses. Quelque engouement que l’on puisse avoir pour les études strictement professionnelles, tous les hommes compétens admettent qu’un enseignement général sérieux doit servir de préliminaire. Avant de prétendre utiliser les aptitudes spéciales, il faut développer les diverses facultés de l’esprit par des exercices et des vues d’ensemble. Dans la pratique même des arts industriels, il y a deux parties : la première est le dessin, la seconde est l’art industriel particulier que l’on veut exercer. Les élèves qui suivaient les cours de dessin de la ville de Paris n’avaient guère la possibilité d’apprendre simultanément ou postérieurement la profession à laquelle elles se destinaient ; faute de cet apprentissage spécial, la plupart n’arrivaient à rien. Il existe encore pour la jeune fille une difficulté plus grande que l’étude d’un métier, c’est de se faire connaître et de trouver de l’ouvrage. Il est plus difficile aux femmes de se faire valoir qu’aux hommes ; elles sont plus retenues au foyer et dans la famille, les démarches de leur part sont moins aisées, il n’existe guère entre elles cette camaraderie qui est aux hommes d’un si grand secours. L’école professionnelle de la rue de la Perle avait le mérite de suivre les élèves après la terminaison de leurs études, non pour leur imposer un gênant patronage, mais pour les mettre en relations avec des fabricans ou des personnes du monde. Elle faisait ainsi pour les femmes ce que l’école Turgot fait pour les hommes ; c’était rendre également service aux ouvrières et aux patrons, mettant toujours en face l’une de l’autre l’offre et la demande, qui dans la petite industrie souvent s’ignorent et se cherchent réciproquement sans toujours se rencontrer, et qui souffrent gravement l’une et l’autre de leur mutuelle absence.

Une expérience a été tentée dans les conditions les plus ingrates, elle a eu le plus grand succès, et cela presque immédiatement par la force des choses, par la vertu de l’institution même. N’est-il pas désirable que cet heureux exemple soit suivi ? Depuis quelques années, plusieurs écoles du même genre se sont fondées à Paris, mais combien nous sommes encore loin du but ! Il nous faudrait cent fois plus d’instituts de ce genre. Les communes, les chambres de commerce, l’état lui-même, devraient contribuer à ce mouvement fécond. L’un des déposans à l’enquête professionnelle, M. Marguerin,