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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 99.djvu/426

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pour révéler l’utilité de l’institution et pour exciter au dehors une émulation salutaire. On sollicita la communication des portefeuilles du dessin et l’envoi des leçons sténographiées. Les cours de chimie, de physique, de géométrie descriptive et d’histoire naturelle, professés par des maîtres tels que MM. Dumas, Péclet, Olivier et Brongniart, méritaient à tous égards l’attention publique, et devaient même exciter un vif sentiment de curiosité, car ils montraient comment la science la plus profonde pouvait se faire en quelque sorte la servante de l’industrie, s’associer aux opérations pratiques, relever et féconder par son utile intervention les plus humbles travaux professionnels. Il s’agissait de trouver le point juste où la science, qui ne saurait jamais descendre au-dessous d’un certain niveau, peut se rendre facilement accessible et parler la langue vulgaire à l’usage des praticiens. Il fallait créer un enseignement qui ne fût pas celui de la Sorbonne ni de l’École polytechnique, et qui demeurât immédiatement applicable à la direction des ateliers. À ce point de vue, les cours de l’École centrale présentaient un grand intérêt pour l’ensemble du professorat, en fixant les proportions et les limites d’une nouvelle branche d’enseignement.

La révolution de 1830 et l’invasion du choléra en 1832 retardèrent les progrès de l’École centrale, qui n’aurait pas été en mesure de se soutenir sans le généreux désintéressement de ses fondateurs. Pendant les premières années, les dépenses de l’École excédèrent les recettes ; mais cette situation ne tarda pas à se modifier. Le conseil-général des manufactures et la Société d’encouragement pour l’industrie nationale avaient apprécié après enquête les services que l’école pouvait rendre à l’industrie ; dès 1836, le gouvernement marquait son intérêt par l’allocation de plusieurs bourses, et il engageait les conseils-généraux des départemens à imiter son exemple : en 1837, la chambre des députés allouait un crédit de 17,000 francs pour faciliter le placement à l’école d’un certain nombre de jeunes gens se destinant aux carrières industrielles. C’était précisément l’époque où le travail de la production commençait à se transformer ; les machines se substituaient à la main-d’œuvre, les grandes usines remplaçaient les petits ateliers ; on s’occupait d’introduire en France les chemins de fer. Le conseil de l’école avait prévu et devancé ce grand mouvement en élargissant son programme d’études, et en instituant dès 1834 un cours spécial pour la construction des voies ferrées, qui jusqu’alors n’avaient formé qu’une sorte d’appendice dans les leçons consacrées à l’exploitation des mines. Aussi voit-on, dans la période de 1837 à 1840, le nombre des élèves s’élever à près de 300, et l’équilibre financier se rétablir avec un enseignement plus étendu