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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 99.djvu/534

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parts, on fait un appel désespéré à l’action municipale, afin qu’elle assume une charge qui devient trop lourde pour ceux qui la portent, et qu’elle la mène à bien avec la grandeur qui est dans ses attributs et avec la puissance dont elle dispose.

L’administration municipale n’avait pas attendu cet appel pour agir. Depuis longtemps déjà, elle avait mis à l’essai, dans l’intérêt de ses pupilles, des moyens d’encouragement et d’enseignement qui avaient eu quelque heureux effet : prix d’apprentissage, bourses d’apprentissage, classes d’apprentis, classes spéciales de dessin d’art et de dessin géométrique. Quelques mots sur ces essais, qui sont comme les avant-coureurs des nouveaux projets.

L’origine des prix d’apprentissage remonte à deux délibérations du conseil municipal en date du 1er janvier 1842 et 9 août 1844, qui invitaient l’administration à examiner s’il ne conviendrait pas de substituer à l’établissement de nouveaux ouvroirs la création de prix d’apprentissage. Résolue en principe dès 1845, cette création ne fut convertie en fait que dans le courant de 1847. Le programme était des plus simples. Un prix était attribué à chacune des écoles de filles et de garçons. Ce prix était mis au concours. Les candidats devaient être âgés de treize ans accomplis, avoir fréquenté pendant les deux dernières années au moins les écoles communales, s’y être distingués par un travail soutenu et par une conduite constamment régulière, avoir fait leur première communion. Dans ces termes, chaque année, des personnes désignées dressaient ou contrôlaient une liste générale des candidats, sur laquelle les élèves de chaque école procédaient, par voie de scrutin et à la majorité absolue, à l’élection de six candidats qui devaient prendre part au concours. Ce concours s’ouvrait à des jours différens pour les garçons et pour les filles. L’examen portait sur la lecture, l’écriture, les quatre premières règles de l’arithmétique, le système légal des poids et mesures, le dessin linéaire, et, pour les écoles des filles, la couture. Ceux des candidats qui avaient une instruction plus étendue étaient admis à en faire la preuve sous de certaines restrictions. Un jury de correction dressait alors par ordre de mérite, en raison du total des points obtenus par chacun des concurrens, la liste de classement par arrondissement, et le prix d’apprentissage était acquis à celui des six élèves de chaque école qui avait obtenu le meilleur rang. Ce résultat était proclamé dans les séances des distributions de prix, et celui de l’élève couronné y était nommé avant tous les autres.

Le prix obtenu (450 francs) était immédiatement appliqué et réparti inégalement dans trois années d’apprentissage. Le choix des patrons relevait de comités locaux, sur qui retombait également la surveillance de l’exécution du contrat, besogne délicate, comme