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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 99.djvu/570

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Languedoc, de la Guienne, où l’esprit local était encore puissant et vigoureux. On les connaissait, on leur venait en aide volontiers ; mais, quand toutes les provinces de l’ancienne France se virent découpées en départemens de moindre étendue, et que la solution des moindres questions de clocher eut été transférée à Paris, ces pays pauvres et peu peuplés ne comptèrent plus dans le gouvernement qu’à proportion du faible chiffre d’impôt qu’ils payaient et du petit nombre de députés qu’ils envoyaient aux assemblées délibérantes. On les oublia, comme si la plus maigre portion du territoire pouvait être négligée sans que le reste en souffrît. C’est l’histoire des montagnes, c’est aussi l’histoire des contrées stériles telles que les Landes et la Sologne. Seulement pour celles-ci, que le progrès entourait de tous côtés, la réparation est venue plus tôt. On a compris enfin qu’un département du centre de la France n’est pas laissé à l’abandon sans que les départemens environnans en soient aussi victimes. Dans les Alpes, l’œuvre de la régénération n’a fait que commencer avec le reboisement des montagnes ; il y faudrait bien d’autres travaux. Ces régions sévères où l’homme vit près des limites de la terre habitable et lutte contre tous les fléaux, gelée, sécheresse, pluie ou torrent, sont comme un édifice délabré qu’il faut reprendre en sous-œuvre, si l’on ne veut qu’il périsse en entier. La population l’abandonne, la richesse publique s’y amoindrit chaque année. Routes et chemins de fer, institutions de crédits et établissemens publics, tout y est à faire comme dans un pays neuf. C’est un pays à reconquérir, non sur l’ennemi, ce qui serait glorieux, mais sur la nature, ce qui est plus glorieux encore.


H. BLERZY.