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Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 104.djvu/320

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REVUE DES DEUX MONDES.

en Candie, et qu’il gardait encore tout prêt à s’embarquer un contingent semblable. « Le port d’Alexandrie, écrivait le capitaine de Rigny à la date du 20 juin, présente un spectacle des plus animés. On y compte près de deux cents bâtimens de diverses nations, dont quatre-vingts autrichiens. »

De retour à Smyrne le 4 août, M. de Rigny n’y rencontra pas le nouveau commandant de la station, le chevalier de Viella, occupé avec la Fleur de Lis à visiter les îles ; mais il eut des nouvelles de la Cambrian. Le capitaine Hamilton avait déjà fait parler de lui. Il venait de réclamer « avec les formes les plus impératives, » 25 Grecs passagers sur un bâtiment ionien que l’escadre algérienne avait arrêtés. « Après quelques difficultés suivies de démonstrations hostiles de la part du capitaine anglais, le commandant algérien, autorisé par le capitan-bey, avait fait la remise des Grecs. »

C’est sous la préoccupation d’un dernier effort qui les pouvait trahir que le capitaine de Rigny, visitant Hydra et le golfe de Nauplie avant d’opérer son retour en France, trouva les Hydriotes. « L’observateur le plus froid, dit-il, ne fût pas resté insensible au spectacle de cette population émue, s’agitant sur son rivage, bientôt peut-être désert, préparant ses armes et ses vaisseaux ; décidée, si celles-là sont impuissantes, à chercher sur ceux-ci un refuge et à transporter ses pénates sur une rive étrangère. » Quelques chefs insurgés pouvaient se bercer de l’idée que la chrétienté assemblée en congrès à Vérone allait s’occuper de leur sort ; les plus avisés méditaient tristement sur la sanglante exécution de Chio et jetaient un regard suppliant vers le rivage hospitalier de la France. Quant au peuple, il avait recouvré tout son enthousiasme. Ce n’était plus seulement le nom de Canaris qui volait alors de bouche en bouche. Les delhis de Dramali-Pacha avaient rencontré leur maître ; Nikétas venait de mériter le nom de turcophage. La campagne de 1822 avait débuté par une immense et générale inquiétude ; le mauvais emploi que les Turcs firent de leur armée en changea subitement le cours. Les fautes de Dramali et du nouveau capitan-pacha donnèrent à la Grèce la citadelle d’Athènes et Nauplie.

V

L’acropole d’Athènes, ravitaillée par Omer Vrioni vers la fin de l’année 1821, ne se rendit aux Grecs que lorsque l’eau des citernes se trouva complètement épuisée. La garnison capitula le 21 juin 1822. Il y avait alors 1,150 personnes dans l’acropole ; 180 seulement étaient en état de porter les armes. Malgré les efforts des consuls de France et d’Autriche, M. Fauvel et Gropius, la plupart des prisonniers furent massacrés. Les Grecs auraient même violé