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Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 104.djvu/495

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de conscience, la première et la plus sacrée de toutes les libertés. Au reste la révision prochaine des traités consacrera d’une manière plus explicite que par le passé des principes que la diplomatie européenne doit se faire un honneur de défendre.


IV

La révision des traités préoccupe extrêmement le Japon. Il sent que ce sera le point de départ d’une politique nouvelle pour l’avenir, et il attache, dit-il, la plus grande importance à discuter d’une manière sérieuse les points essentiels qui doivent servir de bases aux relations extérieures. C’est pour cela que, vers la fin de 1871, le gouvernement du mikado décida l’envoi d’une ambassade extraordinaire, composée des hommes les plus considérables de l’empire, et chargée de se rendre successivement en Amérique, en France, en Angleterre, en Allemagne, en Autriche et en Russie. Elle devait être munie de pleins pouvoirs pour régler les bases des traités. Toutefois les lois du Japon ne permettent pas que des stipulations engageant le pays soient souscrites en dehors du centre d’action dans lequel s’exerce l’autorité du souverain ; les traités eux-mêmes ne pourront être signés qu’à. Yeddo, après qu’on se sera entendu sur les détails avec les représentans des puissances.

Un des hommes politiques les plus distingués de l’empire, Iwakoura, qui venait d’être nommé ministre des affaires étrangères, fut mis à la tête de l’ambassade, Iwakoura jouit d’une grande réputation au Japon. Lors des difficultés avec les grands daïmios du sud, c’est lui qui fut envoyé en mission auprès des princes de Satzouma et de Nagato, et c’est à lui qu’on doit, pour une grande part, l’accord dont le système actuel paraît être le résultat. On adjoignit à l’ambassade le ministre des finances, le vice-ministre des travaux publics, un directeur du ministère des affaires étrangères, un conseiller privé et plusieurs secrétaires. Cette mission se rendit d’abord aux États-Unis, puis en Angleterre, et arriva en France au mois de décembre dernier. Le président de la république lui fit le plus courtois accueil et entoura d’un grand cérémonial la réception officielle, qui eut lieu le 26 décembre au palais de l’Elysée.

L’ambassadeur extraordinaire et son personnel ont profité de leur séjour à Paris pour visiter non-seulement les établissemens de l’état, mais les ateliers et les usines. Ils ont pris un grand nombre de notes et ont montré l’esprit observateur qui est une des marques distinctives de la race japonaise. Ils ont quitté notre capitale en janvier pour se rendre à Bruxelles. Ils comptent visiter la Hollande, l’Allemagne, l’Autriche, la Russie, pour étudier et comparer les diverses civilisations, ainsi que pour préparer les bases de la révision