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Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 104.djvu/584

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LORD PALMERSTON

The life of Henry John Temple, viscount Palmerston, with selections from his diaries and correspondence, by sir Henry Lytton Bulwer (lord Dalling) ; 8 vol., 1871.

« Je vous attaquerai. — Cela dépend de vous. — Je vous anéantirai. — Cela dépend de nous. » Tels sont les termes dans lesquels Napoléon, premier consul, et le plénipotentiaire de l’Angleterre, lord Whitworth, s’étaient séparés à la rupture de la paix d’Amiens, et, dans ce conflit de vingt ans qui éclatait ainsi de nouveau, chaque nation s’appliqua de son mieux à justifier la mémorable parole de son représentant. Les grands triomphes furent d’abord pour la France. Déjouée et terrassée à Austerlitz, écrasée plus complètement encore à Iéna et à Friedland, la coalition européenne dut subir la loi du vainqueur ; mais sur mer la fortune restait fidèle aux armes de nos adversaires. La victoire de Trafalgar, en détruisant notre marine, força le maître de l’Europe d’ajourner tout projet d’invasion, et l’Angleterre, grâce à sa position insulaire, à ses 600,000 citoyens armés, à ses 200,000 marins, à ses 900 bâtimens de guerre, put attendre, sans courber le front, les occasions que les témérités de Napoléon ne tarderaient point à lui offrir. Cependant ses sacrifices étaient écrasans, ses pertes cruelles. Dans une seule année, ses trois illustrations principales succombèrent à la peine, lord Nelson, M. Pitt, M. Fox. Il fallut dès lors continuer la guerre avec un roi aveugle et atteint déjà d’une folie intermittente, mais incurable, avec un héritier du trône aussi peu considéré qu’il méritait de l’être, sans un seul homme d’état d’un ordre supérieur, sans un chef renommé ni sur terre ni sur mer. Tels