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Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 104.djvu/724

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abaissement profond de l’Angleterre provoquerait une grande joie en Allemagne. »


Les États-Unis ont vendu à la France bien plus de canons et de fusils que l’Angleterre, Garibaldi et ses Italiens ont versé bien plus de sang allemand que les armes anglaises ; la presse germanique n’a pourtant que des paroles d’amitié pour l’Italie, et, en général, que des phrases sympathiques pour les États-Unis : c’est que la politique lui conseille de ménager dans le royaume d’Italie et dans la république américaine des amis et des alliés de l’empire allemand. Il ne faut pas cependant que les Américains se vantent plus que de mesure et se donnent trop d’importance ; ils sont alors rappelés à l’ordre tout comme les autres. Le président Grant avait dit dans son dernier message : Le monde civilisé tend à la république, l’Amérique sera son guide. La Gazette de Cologne le tance vertement et le raille fort de ce qu’elle nomme son idéalisme. « Pour le fond et la forme, c’est un plagiat au trésor de phrases de la France. Le président Grant peut s’arranger avec les premiers possesseurs du « nous marchons à la tête de la civilisation. » Voilà la France détrônée : l’Amérique prend sa place, et le trône est la république. L’Espagne a prouvé au président Grant qu’il a raison… Ce peut être une innocente distraction pour un poète ou un romancier de se bercer de ces rêves bleus ; un homme d’état devrait y regarder à deux fois. Si le message était arrivé un mois plus tard, nous l’aurions pris pour un poisson d’avril. »

Le ton sur lequel les journalistes allemands le prennent avec l’Angleterre et le président Grant nous avertît de contenir les impressions que nous éprouverons en lisant leurs écrits sur la France. Beaucoup d’entre eux paraissent encore croire qu’une grande probité littéraire ne saurait s’associer avec une exquise courtoisie. Ils sont donc sévères dans leurs jugemens et rudes dans leur langage. Comme ils en usent ainsi avec tout le monde, nous devons d’avance faire une large part, dans la forme de leurs articles, à ce caractère particulier de leur sincérité.


II

L’unanimité est le premier caractère qui nous frappe dans les articles que les journaux allemands nous consacrent. A part certaines nuances de forme, tous s’expriment de même sur notre compte. Le journal qui fait en Allemagne l’opposition la plus vive à M. de Bismarck, le journal des intérêts catholiques, la Germania,