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Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 104.djvu/838

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n’appauvrit pas le terrain et fournit un excellent abri. L’essai le plus curieux est celui du néflier du Japon (eriobotrya japonica), qui joint à tous ces avantages celui de posséder d’amples feuilles largement étalées, et de fournir un fruit comestible ; malheureusement il ne souffre pas la taille. En attendant que les arbres destinés à former les haies arborescentes aient acquis une élévation suffisante, on sème le terrain avec une espèce de genêt qui croît rapidement et que l’on détruit au bout de trois ou quatre ans. L’usage des abris porte-t-il, comme on l’a soutenu, préjudice à la qualité des oranges ? enlève-t-il à l’arbre fruitier l’air et le soleil nécessaires à la complète maturation des produits ? Rend-il l’écorce de l’orange plus épaisse et plus tendre, ce qui nuirait à la conservation du fruit ? Ce sont là autant de questions dont la solution offre de grandes difficultés, et qu’une suite continue d’observations impartiales pourrait seule permettre de trancher.

Le terrain des plantations doit être labouré pendant quatre ou cinq ans. Ensuite, deux fois par an, on procède à un binage superficiel. Souvent on sème du lupin, que l’on enterre à la houe pour amender le sol. Dans les mauvais terrains, cette opération est indispensable tous les ans ; rarement on emploie d’autre engrais. Chaque année, on coupe le bois mort, on élague les rejetons armés de piquans, mais du reste on ne taille nullement les orangers. Dans les momens de sécheresse, on a soin d’arroser, si l’on peut avoir de l’eau à proximité. L’élagage des abris, qui se fait chaque année, fournit en moyenne 300 fagots par hectare, lesquels se vendent à raison de 7 francs le 100. Les orangers se plantent en quinconces : autrefois on laissait entre eux des intervalles de 15 mètres, mais depuis quelques années on a diminué les distances ; on les plante généralement à 10 mètres les uns des autres. Dès la première année, le sujet donne quelquefois du fruit, cependant il n’entre pleinement en rapport qu’au bout de dix ans ; alors, s’il est en bon état et planté dans un bon terrain, il produit de 1,000 à 1,500 oranges. Un arbre plus âgé et vigoureux dont les branches sont larges et régulièrement étalées peut fournir une récolte de 7,000 à 8,000 oranges. Dans les quintas trop vastes, les orangers ne rapportent en moyenne que 600 fruits par pied, tandis qu’ils en rapportent généralement de 2,500 à 3,000 dans les petits enclos.

Les variétés d’oranges comestibles cultivées aux Açores sont au nombre de six principales. L’orange commune est de moyenne grosseur, légèrement acide et très savoureuse. La peau en est fine et adhérente au fruit ; elle devient un peu épaisse à la fin de la saison. Les lobes de la partie charnue se séparent difficilement les uns des autres : pour la déguster convenablement, on doit recourir à