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Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 104.djvu/859

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peuvent vivre enfoncés dans le sable ou dans la vase sont tout à fait exceptionnelles. La violence fréquente des mouvemens de la mer fait que l’on ne rencontre, appliquées contre les rochers, ni les espèces qui se fixent par un byssus comme la moule, ni celles qui adhèrent directement comme l’huître. Les mollusques lithophages font également défaut ; la dureté dès laves n’est cependant pas un obstacle insurmontable au travail de ces animaux, car sur d’autres côtes ces mollusques creusent et perforent des roches quartzeuses incomparablement plus résistantes que les roches volcaniques. Drouet et Morelet ont recueilli 75 espèces de mollusques marins aux environs des Açores. Quelques-unes de ces espèces sont propres à l’archipel açorien, mais la plupart sont très voisines d’espèces de la Méditerranée, de Madère et des Canaries ou même des Antilles. Il est à remarquer qu’aucun des mollusques les plus caractéristiques de la faune marine du Portugal ne figure sur la liste en question. Le genre le plus commun aux Açores est la patelle, dont on distingue plusieurs espèces. Fixées solidement contre les rochers par une masse musculaire qui fait l’office de ventouse, protégées par leur coquille conique peu saillante, les patelles résistent au choc des vagues. Les récifs les plus exposés aux fureurs de l’océan en sont couverts. On les détache facilement avec la lame d’un couteau glissée entre la coquille et le rocher ; les pauvres gens en font une assez grande consommation. Un crustacé appartenant au groupe des balanes et désigné dans le pays sous le nom de craca fournit un aliment plus recherché ; mais son test solide et résistant adhère avec une telle force au rocher que pour l’obtenir il faut briser la pierre à grands coups de marteau.

La mer est très poissonneuse autour des Açores. Le marché de Ponta Delgada est presque toujours abondamment fourni d’une foule de poissons de forme et de taille variées. Le nombre des espèces désignées par des noms vulgaires s’élève à plus de soixante. Cependant les pleuronectes manquent à peu près complètement. On ne voit ni sole, ni turbot, ni aucun de ces poissons plats qui sont si abondans sur les côtes de notre continent. Ces espèces, appelées par leur nature à vivre enfoncées dans le sable des plages, font naturellement défaut aux alentours d’îles à contours abrupts qu’environne une ceinture de récifs ou de rocailles.

Parmi les espèces que l’on pêche près des Açores, quelques-unes se rencontrent spécialement dans tel ou tel parage, où elles semblent attirées par l’exposition de la côte, par la direction ordinaire des courans marins ou par d’autres causes moins faciles à apprécier. Ainsi le mugem (mugil chela) fréquente surtout le littoral septentrional de San-Miguel ; la murène recherche de préférence les abords de la côte sud ; le cherne (polyprion cernue), qui atteint de