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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 1.djvu/168

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UN CHEMIN DE FER


À TRAVERS LES ANDES


En France, notre attention se porte trop rarement au-delà de l’Océan ; la situation matérielle des républiques de l’Amérique latine est à peu près ignorée chez nous. Ainsi l’on a bien entendu parler des mines du Pérou, on sait vaguement qu’il nous fournit le guano que l’agriculture emploie depuis une vingtaine d’années ; mais l’on s’est peu soucié de savoir s’il présente d’autres ressources et les moyens de les mettre en valeur. L’honneur d’avoir signalé ces ressources reviendra tout entier au gouvernement prévoyant et réparateur qui a récemment lancé un appel aux travailleurs de toutes les nations en leur offrant sur le sol péruvien des élémens de fortune comme peu de pays en pourraient fournir. Il ne suffisait pas pourtant d’appeler l’émigration en faisant luire à ses yeux le mirage de richesses devenues proverbiales, il fallait pouvoir la conduire aux lieux de production et assurer l’écoulement du travail par des voies de communication nouvelles. L’effort a été tenté avec une persévérance que n’ont point arrêtée des obstacles naturels qu’on pouvait croire insurmontables, un puissant élan a été donné à la construction des chemins de fer, et la chaîne des Andes est sur le point d’être franchie à 5 000 mètres d’élévation. Ce ne sont point là des travaux ordinaires, et nous avons pensé qu’il y avait intérêt à les faire connaître ; toutefois un coup d’œil rapide sur le territoire du Pérou, sur la nature de ses productions et sur l’état social du pays sera nécessaire pour faire apprécier l’importance de ces travaux, les difficultés vaincues, celles qui restent à vaincre, et qui retardent de quelque temps encore le commencement d’une ère nouvelle pour le pays.


I.

Le Pérou, situé entre le 3e et le 22e degré de latitude sud, est traversé dans toute sa longueur par la Cordillère des Andes, qui le