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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 1.djvu/444

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quelconque entre deux points : ce sera fixer l’échelle du plan. Il y a quelque avantage à choisir pour cette base la distance de la planète Mars au soleil ; à certaines époques, cette planète se rapproche beaucoup de la terre, et les observations révèlent alors des parallaxes très sensibles. C’est Tycho-Brahé qui a le premier proposé ce moyen, mais sans en faire l’essai. Ce n’est qu’en 1671 que, sur la demande de Dominique Cassini, l’Académie des Sciences envoya l’astronome Richer à Cayenne pour y prendre les hauteurs de Mars en même temps que Picard et Roemer devaient les observer à Paris. Le résultat qui fut obtenu par ce procédé laissait encore beaucoup à désirer ; mais Richer profita de son séjour à Cayenne pour y faire ses célèbres expériences sur la longueur du pendule à secondes. De nos jours, la comparaison des observations de Mars qui avaient été faites en 1862 à Greenwich, à Poulkova, au cap de Bonne-Espérance et à Williamstown, en Australie, a donné pour la distance du soleil une valeur très exacte, qui s’accorde avec les résultats obtenus par d’autres méthodes. Toutefois le meilleur moyen de déterminer les dimensions absolues du système solaire est encore celui que l’illustre Halley a indiqué dès 1691, c’est l’observation des passages de Vénus sur le soleil.

La planète Vénus, la douce étoile du berger, dont l’éclat est assez vif pour qu’elle devienne quelquefois visible en plein jour, accomplit 13 révolutions autour du soleil pendant que la terre parcourt son orbite 8 fois ; tous les huit ans, les deux astres se donnent rendez-vous aux mêmes points de leurs orbites. Dans cet intervalle, Vénus passe 5 fois entre la terre et le soleil ; comme la lune nouvelle, elle tourne alors vers nous sa face obscure et devient invisible, sauf le cas très rare où elle se projette sur le soleil. C’est là ce qu’on appelle proprement un passage ; on l’aperçoit alors pendant quelques heures sur le disque radieux comme une petite tache noire parfaitement ronde. Ce phénomène se présente à peine deux fois en cent ans ; deux passages se suivent à huit ans d’intervalle, après quoi il s’écoule plus d’un siècle avant qu’il n’y ait de nouveau deux passages séparés par le même intervalle. Si les passages de Vénus n’ont pas lieu plus souvent, c’est que le plan où se meut cette planète ne se confond pas avec le plan de l’écliptique, où se meut la terre ; tantôt elle passe plus haut que le soleil, tantôt plus bas, et reste noyée dans la lumière du jour. Le phénomène des passages a toujours lieu en juin ou en décembre ; voici les dates les plus rapprochées de nous :

7 décembre 1631. _______ 9 décembre 1874.
4 décembre 1639. _______ 6 décembre 1882.
6 juin 1761. _______ 8 juin 2004.
3 juin 1769. _______ 6 juin 2012.