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Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 12.djvu/86

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LA
RECHERCHE D’UN COLÉOPTÈRE
SOUVENIRS DU BASSIGNY.

18 septembre. — Mon cher, sois le bienvenu!.. Connais-tu la chrysomèle du millepertuis?

Cette singulière question, jetée à brûle-pourpoint au milieu de notre embrassade, fut la première que m’adressa mon ami Tristan lorsque j’arrivai dans son nouveau gîte de Chaumont-en-Bassigny. Elle ne laissa pas de me surprendre, et ma surprise augmenta quand j’eus parcouru d’un rapide coup d’œil l’intérieur du logis de Tristan. Les murs étaient garnis de nombreuses vitrines sous lesquelles s’étalaient, méthodiquement alignés et percés de longues épingles, des coléoptères de toutes formes : — lucanes aux mandibules menaçantes, longicornes aux élégantes antennes ramenées en arrière, carabes dorés, nécrophores en livrée de deuil... Sur la table, des pinces, des fioles, des loupes, étaient éparses à côté de gros dictionnaires d’entomologie.

— C’est la seule chrysomèle indigène qui me manque, reprit Tristan, toutes les autres sont là ! — Il me montra une vitrine où brillaient comme de fines pierreries des centaines de petits coléoptères de toutes couleurs, depuis le bleu du saphir jusqu’au vert de l’émeraude, en passant par une gamme de tons bronzés, cuivrés, fauves et pourprés, un véritable écrin. — Tu ne saurais croire combien le désir de posséder mon inconnue me hante depuis que je sais qu’elle vit dans le pays.

Il prit la Faune entomologique française et lut à haute voix : — « Chrysomela fucata. Noire en dessous, avec le corselet et les élytres d’un bleu bronzé. Sa larve vit sur le millepertuis. On la trouve