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Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 7.djvu/91

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d’une amélioration si sensible, si ce n’est à la libre et philanthropique institution dont il a été si souvent parlé ? Et maintenant cette diminution dans le chiffre des délits et des crimes n’entraîne-t-elle pas une diminution correspondante dans le chiffre des dépenses municipales ? Il en coûte beaucoup d’argent pour arrêter les vagabonds, les voleurs, pour les condamner et les emprisonner. La police, les juges, les gardiens, il faut payer tout ce monde ; il faut nourrir les condamnés, qui ne restituent dans un maigre travail qu’une très minime partie de ce qu’on dépense pour eux. En revenant aux prémisses posées plus haut, on comprend donc pourquoi la cité et le comté de New-York ont voulu, eux aussi, venir en aide à la Société protectrice. Celle-ci, après avoir commencé à l’origine avec le plus modeste budget, a inscrit à son actif, de ce chef seulement, pour 1873, près de 235,000 francs ; elle a reçu en outre du board ou conseil d’éducation, et pour le même exercice, près de 80,000 francs, qui ont dû être affectés à ses écoles industrielles.

L’Américain donne volontiers. Les citoyens de New-York, de la ville et de l’état, font assaut de générosité pour venir en aide à la Société protectrice. Quelques-uns lui ont envoyé en une fois jusqu’à 10,000 francs. « La Providence a été bonne pour moi, je veux faire quelque chose pour vos pauvres enfans, » disait un de ces hommes de bien en adressant sa généreuse offrande ; « c’est pour aider, ajoutait-il, à la caisse d’émigration. » Il en coûte en effet pour envoyer les enfans dans l’ouest, car le voyage est long : certains d’entre eux sont allés jusqu’au fond du Kansas, bien au-delà du Mississipi, ou dans le Colorado, au pied des Montagnes-Rocheuses. On a dépensé sur ce chapitre environ 165,000 francs en 1873 pour 3,200 enfans ; or la moyenne des envois annuels depuis 1869 dépasse encore ce dernier chiffre. Dans tous les cas, le temps est loin où la Société protectrice, inquiète, harassée, craignant de ne pas réussir dans une entreprise jusque-là sans exemple et que tout semblait devoir faire manquer, ayant à peine en caisse quelques centaines de dollars ramassés à grand’peine, ouvrait modestement ses bureaux en 1853, au coin de la rue Amity. Alors on inscrivait solennellement sur le registre des donateurs le nom de Mme A…, la femme du plus riche propriétaire foncier de New-York, pour une somme de 50 dollars ou 250 francs. Combien ce chiffre a depuis été dépassé, même par la moyenne des souscripteurs ! D’autres ont légué à la société par testament des sommes assez considérables. Le budget des enfans pauvres s’est ainsi de plus en plus arrondi, et l’avenir a été pour jamais assuré. — Les bureaux de la société sont aujourd’hui dans la de rue, près la place Lafayette. C’est là qu’elle a établi définitivement domicile dans une situation des plus convenables, et maintes fois nous y avons vu rassemblés, entre les mois de juin et