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Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 25.djvu/26

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et les moyens d’expérimentation, par la puissance des machines, et où tous les savans étrangers, comme ceux des académies affiliées, auraient leur entrée, pour faire ou voir faire les plus difficiles, les plus grandes et les plus coûteuses expériences. L’Académie des Sciences avait au XVIIIe siècle quelques salles pour l’anatomie, la chimie, les machines ; elle n’a rien de tout cela aujourd’hui, malgré la prophétie de Bacon et les espérances de Condorcet.


Il nous reste à dire comment, à notre avis, l’Institut pourrait s’organiser pour entretenir cette correspondance avec les départemens, et quels avantages chacune de ses classes serait appelée à en retirer. Comme dans le premier plan de M. de Salvandy, chaque classe aurait son comité de correspondance avec la province, comité composé de membres nommés par elle, il va sans dire, et non par le ministre. On nous objectera sans nul doute que les membres de l’Institut sont peu nombreux et que la plupart sont absorbés par les affaires publiques, par l’enseignement ou la magistrature, par leurs études particulières. Mais l’Institut n’aurait-il pas toute liberté de s’adjoindre pour cette tâche nouvelle des auxiliaires nouveaux ? Les premiers appelés seraient les correspondans, auxquels on n’a rien demandé jusqu’à présent, et qui cependant, d’après la lettre, comme d’après l’esprit de leur institution, devraient correspondre des diverses parties de la France avec l’Institut. Choisis dans le sein des principales académies de la province, ce serait à eux surtout d’en être les représentans et de leur servir d’intermédiaires. Aussi devraient-ils être nommés, non-seulement en raison de leur mérite individuel et de la valeur de leurs ouvrages, mais aussi des services qu’on peut en attendre pour une correspondance réelle et effective. l’Institut demeurerait d’ailleurs le maître de s’adjoindre qui il voudrait parmi les plus capables de l’aider dans cette mission.

Sans doute toutes les classes de l’Institut ne seraient pas appelées à jouer un aussi grand rôle dans cette association et à en retirer les mêmes avantages, mais j’estime que toutes devraient plus ou moins y entrer, même l’Académie des Beaux-Arts et l’Académie française. Il est vrai que la poésie, l’éloquence, les œuvres de l’imagination, le génie de l’artiste, pas plus que la vertu elle-même, ne se forment ni se perfectionnent avec l’aide d’autrui, par une mise en commun de travaux et d’efforts. Mais là où la collaboration n’est pour rien, les conseils, les critiques, les encouragemens, les modèles proposés peuvent être pour beaucoup. L’Académie des Beaux-Arts exercerait une intendance officieuse, au point de vue purement esthétique, sur tous les monumens qui se construisent ou se restaurent.