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Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 25.djvu/448

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« tous, au témoignage des anciens, avaient le corps blanc, les cheveux blonds, étaient très grands et beaux à voir. » Il est vrai que, depuis Palassou, plusieurs auteurs n’ont pas hésité à reconnaître chez eux le type blond des hommes du nord. D’autre part, les savans les plus autorisés, Fodéré, dans son Traité du goitre et du crétinisme, Esquirol, dans son Traité des maladies mentales, M. Littré lui-même, dans son grand Dictionnaire de la langue française, les tiennent encore pour goitreux et affectés d’une sorte de crétinisme. Que deviennent dans l’un et l’autre cas les affirmations de Palassou ? La question valait la peine d’être élucidée, et M. de Rochas s’en est tiré à son honneur.

Il n’est guère de village dans les Pyrénées qui n’ait conservé avec le nom des cagots, s’appliquant à tel ou tel lieu, rue, quartier ou fontaine, leur bénitier particulier et la trace au moins de la petite porte latérale, aujourd’hui murée, qui leur servait pour entrer à l’église ; même plus d’un vieillard se rappelle avoir été le témoin ou la victime de ces injustes distinctions. Par contre, il faut reconnaître que le préjugé, sans avoir partout entièrement disparu, tend à s’effacer rapidement avec les années qui s’écoulent, surtout depuis 1830 ; les mariages mixtes, presque inconnus naguère, ne rencontrent plus les mêmes difficultés aujourd’hui et la fortune égalise parfaitement les rangs ; mais cette fusion des classes qui s’opère et dont on ne saurait trop se féliciter rend la tâche de l’observateur bien plus difficile qu’elle ne l’était au temps de Palassou. Tout bien compté, il ne resterait guère, tant en France qu’en Espagne, que trois localités entièrement habitées par des descendans authentiques des anciens parias. La première, Chubitoa, n’est autre que l’ancienne cagoterie d’Anhaux (canton de Saint-Jean-Pied-de-Port), séparée de la paroisse par un petit bois de châtaigniers et par un ruisseau ; le site en est salubre, les maisons assez confortables et la population composée surtout de tisserands, à la différence des autres paroissiens qui s’adonnent aux travaux des champs. M. de Rochas a pu examiner de près une quarantaine d’individus : les adultes étaient bruns en général, les enfans blonds pu châtains ; ils avaient les yeux marrons ou gris indifféremment, la mâchoire fine, le nez très variable dans la forme, le front bombé et un peu étroit, la tête fortement développée en arrière ; par tous ces traits comme par leur taille, qui chez les hommes atteint en moyenne 1m,63, ils ne se distinguent en rien de la population environnante. Peu ou point de goîtres, de scrofules : le recensement de 1872 relevait 2 octogénaires sur 194 habitans et 3 enfans par ménage, ce qui est le chiffre normal. Suivant la tradition, dans des temps très reculés, deux armées se sont battues, et ce sont les malades de l’armée fugitive qui, demeurés dans le pays, ont formé la souche