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Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 25.djvu/851

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matière brute importée, qu’on exportera ensuite à l’état de produit raffiné, transformé, définitif. On introduit des graisses et du suif ; on peut fabriquer avec cela des bougies, des chandelles, voire de la margarine comestible, ce beurre artificiel qui menace de remplacer partout le beurre naturel des vaches. Laissons de côté la margarine et ne parlons que des bougies. À Marseille, une seule usine, celle de M. Fournier, fabrique 40,000 paquets de bougies par jour, destinés presque entièrement à l’exportation ; elle occupe 750 ouvriers, consomme journellement 28 à 30 tonnes de matières premières donnant 16 à 17 tonnes de bougies, et brûle 50 tonnés de charbon. Il y a quinze ans, cette usine ne fabriquait pas le douzième de ce qu’elle fabrique aujourd’hui. Pourquoi Le Havre n’imiterait-il pas cet exemple entre tant d’autres, qu’il est désormais inutile de passer en revue ?

Le Havre, ayant créé le fret de sortie, ne sera jamais en peine de l’écouler. Cette place n’entretient-elle point par ses navires des relations avec le monde entier ? Elle a d’abord toute une flotte de paquebots transatlantiques, parmi lesquels viennent au premier rang ceux de la compagnie française, puis ceux d’une compagnie hambourgeoise, qui font escale au Havre. Autrefois, quand les Américains du nord lançaient eux aussi leurs steamers sur l’Océan, avant leur désastreuse guerre de sécession, il y avait une compagnie américaine qui avait son point d’attache au Havre. La compagnie française n’existait pas, les Allemands n’avaient pas développé leur marine à vapeur comme aujourd’hui, le Fulton, l’Arago, couraient alors sur l’Atlantique en vainqueurs, et ne rencontraient de concurrens sérieux que chez les Anglais. C’étaient de grands navires à roues, avec une haute machine à balancier et des chaudières à basse pression. Aujourd’hui l’hélice a détrôné la roue, les chaudières sont à haute pression, la machine à balancier a été remplacée partout par des machines à traction directe, horizontales ou verticales, et l’on y a joint ce que les Anglais appellent les compound ou cylindres combinés. Dans ce système, la vapeur, après son action directe dans le premier cylindre, agît uniquement par sa détente dans un ou deux cylindres spéciaux accouplés au premier, ce qui procure une économie de charbon d’un tiers, quelquefois de moitié. Nous voudrions citer à ce sujet toutes les expériences comparatives si curieuses de M. Audenet, ingénieur en chef de la compagnie transatlantique.

Les grands paquebots qui partent du Havre font principalement le voyage de New-York, emmenant vers l’Amérique les passagers, les émigrans, et charriant toute sorte de produits, surtout les tissus, les vins, les objets d’art, les articles de mode français adoptés par l’univers entier. C’est un fret qui paie bien, mais tient peu de place,