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Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 25.djvu/883

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nombreux observatoires que possède l’Angleterre. On pouvait se promettre d’obtenir ainsi, sur la formation, la durée et le mouvement de taches solaires, des notions plus exactes et plus complètes que celles auxquelles on était arrivé en dessinant laborieusement les détails de structures observés directement à l’aide d’une lunette munie d’un verre noir. Le projet de sir John Herschel fut repris en 1857 par M. Warren de La Rue, qui proposa au conseil de la Société astronomique de le mettre à exécution à l’observatoire de Kew, qui appartient à la fois à l’Association britannique pour l’avancement des sciences, à la Société royale de Londres, etc., et qui est aussi l’observatoire météorologique central de l’Angleterre. La proposition fut acceptée, et dès le mois d’août 1858 un photohéliographe construit sous la direction de M. Warren de La Rue, commençait à fonctionner à Kew. C’est une lunette de 1m,50 de longueur focale, montée équatorialement et mue par un mouvement d’horlogerie ; elle fournit une image solaire de 30 centimètres de diamètre[1] qui vient se peindre sur une plaque collodionnée que l’on introduit dans la chambre noire fixée à l’extrémité du tube. En 1860, l’année même de la grande éclipse de soleil que M. Warren de La Rue alla observer en Espagne et dont il obtint trente et une épreuves, le photohéliographe fut transporté à Cranford, l’installation du service météorologique à Kew absorbant alors toutes les forces de cet établissement, et pendant trois ans on fit à Cranford des photographies du soleil et de la lune ; mais en 1863 l’instrument fut ramené à Kew et réinstallé dans son ancien dôme. En dix ans, — de 1862 à 1872, — on a fait avec cet instrument, sous la direction de MM. Warren de La Rue, Balfour Stewart et Benjamin Lœwy, 2,778 photographies du soleil, obtenues en 1,721 jours d’observation[2]. M. Warren de La Rue s’était engagé à supporter les frais de ces observations pendant cette période de dix ans, qui prit fin en 1872. Le photohéliographe fut alors démonté et envoyé dans les ateliers de M. Dallmeyer pour y subir quelques retouches ; depuis le mois d’octobre 1873, il est installé à l’observatoire de Greenwich, tandis qu’à Kew on continue d’observer le soleil par l’ancienne méthode des projections. Vers la même époque, M. Dallmeyer fut chargé de construire des photohéliographes pour les observatoires de Wilna et de Lisbonne, où ces instrumens fonctionnent régulièrement.

Mais le rôle de la photographie n’est pas borné à la reproduction fidèle des détails que l’œil peut saisir lorsqu’il est armé d’une puissante lunette ; elle peut devenir, entre des mains habiles, un

  1. Ces dimensions résultent de l’agrandissement de l’image focale par l’oculaire.
  2. Le nombre des jours d’observation varie de 125 à 223 par an.