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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 43.djvu/76

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suivrait de si près sort entrée au conseil. Son rappel a été le retour de Camille ; Dites-lui bien, madame, qu’après ces acclamations générales, il ne lui est plus permis d’abaisser ses regards sur ses vils ennemis ni même de croire qu’il en ait encore. Non, sans doute ; il ne doit plus se souvenir de ces malheureux, que la joye publique vient de flétrir. Je leur pardonne à présent à tous, à M. de Calonne lui-même qui nous a vallu ce nouveau chef-d’œuvre. Qu’on ne profère plus son nom devant vous qu’avec reconnoissance. Ce n’est pas dans la maison de Cicéron qu’il faut maudire Antoine, Verres et Catilina. J’aurois un grand plaisir à épancher mes sentimens dans cette lettre, mais vous n’aurez pas le temps de là lire. Il n’y a plus d’autre manière de dialoguer avec vous que de battre des mains. Agréez, madame, le fidèle hommage de mon attachement et de mon respect.


Je ne sais quelle impression cette lettre produisit sur M. Necker, à qui sa femme dut certainement la communiquer, Mais ne dut-il pas être touché davantage par celle-ci, que lui adressait, au nom de sa communauté, la supérieure des Ursulines de Saint-Germain en-Laye, et que je choisis entre bien d’autres semblables ?


Monseigneur,

Je me prête avec ardeur à l’empressement de ma communauté qui désire que je vous fasse part de la joie qu’elle ressent avec l’univers entier qui rend justice à vos lumières, à votre mérite, à votre grande intégrité. Quoique nous soyons d’un état à ne pas faire grande sensation, nous sommes néanmoins citoyennes et nous prenons part au bonheur du public. Celui de vous voir à la tête des affaires va ramener l’allégresse. Chacun se félicite d’avoir cet avantage de pouvoir recourir avec confiance à votre justice, à la bonté de votre cœur, et aux sentimens d’humanité dont votre grande âme est remplie. La connoissance qu’on en a donne une joye universelle, rend le calme et ressuscite l’espoir de devenir heureux. J’ose prendre la respectueuse liberté de vous assurer, Monseigneur, que la nôtre n’est pas médiocre, appressiant avec un plaisir infini que l’étendue de votre esprit et de vos qualités soient connus. Nous les admirons et bénissons le Seigneur d’un rappel qui satisfait tous les sujets dont nous sommes du nombre ; daignez, Monseigneur, recevoir avec bonté cet hommage et les vœux ardens que nous ne cesserons d’offrir à Dieu pour tout ce qui peut intéresser votre illustre personne.


M. Necker eût été assurément bien excusable si de pareils témoignages de confiance l’eussent enivré quelque peu ; mais il s’en fallait de beaucoup que la confiance générale fût partagée par lui. « Que ne m’a-t-on donné, disait-il, les huit mois de l’archevêque