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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 43.djvu/940

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tube contient du poussier de charbon, sa flamme est rouge et se prolonge à la distance de 1m,80 ; mais quand on ôte ce poussier, tout en laissant subsister les mêmes conditions, la flamme reste blanche et se réduit à la longueur de 0m,07. M. Planchard opère autrement ; il dirige horizontalement sur une planche inclinée le canon d’une boîte d’artillerie ; au moment de l’explosion, la flamme atteint la planche et se réfléchit jusqu’à 2 mètres de hauteur environ. Vient-on à couvrir la planche de poussière de houille, cette flamme s’élève à 5 mètres. Il faut donc conclure que les poussières charbonneuses, même sans mélange de grisou, suffisent pour augmenter et prolonger la flamme d’une explosion de poudre.

Voyons maintenant les faits observés dans les houillères. Pour prolonger les galeries, pour faire avancer les travaux, pour redresser les failles, il faut de toute nécessité abattre de grandes parties du rocher souvent très dur qui avoisine la couche exploitée ; on emploie la mine pour le faire sauter. A la vérité, les règlemens en limitent l’emploi au cas où le grisou n’existe pas et où l’aérage est actif, et le maître mineur est juge ; malgré tout, il y a eu des accidens produits incontestablement par l’inflammation des poussières dans des conditions absolument identiques aux expériences précédentes. Le 2 novembre 1874, à la houillerie de Champagnac (Aveyron), trois ouvriers étaient réunis dans le même chantier ; ils avaient percé un trou de mine horizontal de 0m,85 au ras du sol. Le coup rate une première fois, ils le débourrent, superposent une deuxième charge de poudre à la première, allument le coup avec une lampe à feu nu et se retirent jusqu’au courant d’air à 25 ou 30 mètres du front de taille ; l’explosion a lieu, ils sont affreusement brûlés : le coup avait fait canon… La combustion a été limitée aux parties inférieures de la galerie ; les montans des cadres portent la marque des flammes, les chapeaux n’en montrent aucune trace ; les fils à plomb qui pendaient au moment de l’explosion sont calcinés jusqu’à 0m,30 ou 0m,40, ils sont intacts dans le haut ; les ouvriers sont généralement brûlés dans la région des reins et au-dessous. Ces malheureux, qui ont succombé aux suites de leurs blessures, ont dit avoir vu se précipiter sur eux des flammes rouges.

Le 7 février 1871, aux mines de Montceau (Saône-et-Loire), deux ouvriers avaient pratiqué un coup de mine dans une bure de 5m,40 de profondeur. Une première cartouche ayant raté, ils débourrèrent le coup et y mirent de la poudre, ce qui est défendu par les règlemens ; puis ils allumèrent la mèche et allèrent attendre l’explosion au bout d’une traverse longue de 6m,70. Il se produisit deux explosions très rapprochées ; à la suite de la seconde, une flamme jaunâtre atteignit les deux ouvriers, qui furent brûlés, l’un mortellement,