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attirent derrière elles l’air de l’atmosphère et qui le poussent en avant. Ils aspirent d’un côté, ils soufflent de l’autre, et, s’ils ont de grandes dimensions, s’ils marchent vite, ils mettent en mouvement d’énormes quantités de gaz. Naturellement le besoin qu’en a l’industrie minière a excité le zèle des inventeurs, et l’on possède un nombre considérable d’appareils excellens dont on n’attend pas, j’espère, que je fasse la description. On peut les mettre sur les puits d’entrée, là ils soufflent ; ou sur celui de sortie, où ils aspirent. Les deux systèmes sont employés tous deux, et l’on n’est pas d’accord sur le point de savoir quel est le meilleur. Il y a plus d’économie de force quand ils soufflent, il y a plus de danger pour eux quand ils aspirent, parce qu’une explosion peut les détruire. Néanmoins, le plus souvent ils sont disposés sur le puits de sortie, afin de ne pas gêner les travaux d’exploitation qui se font dans les puits d’entrée.

C’est au moyen de ces appareils que l’industrie minière a réussi à faire traverser les galeries, par un immense volume d’air. Une enquête administrative, faite au bassin de la Ruhr et qui établit une moyenne entre 35 mines, nous apprend que, pour une étendue de 77 hectares elles reçoivent par heure environ 30,000 mètres cubes d’air, ce qui fait 366 mètres par hectare, 60 par tonne de houille enlevée et 100 par ouvrier occupé. Ces quantités sont énormes, elles ne sont point exagérées. On les dépasse encore en Angleterre ; c’est ainsi que la mine de Hetton reçoit jusqu’à 380,000 mètres cubes d’air par heure.

La santé des ouvriers, exige impérieusement ces conditions ; il faut que la teneur en oxygène ne s’abaisse pas au-dessous de 18 pour 100, autrement on verrait reparaître l’anémie des mineurs. L’idéal serait, comme le dit M. Dombre, que l’on pût circuler dans la mine avec des lampes à feux nus, et que le grisou fût tellement lavé et chassé que l’air fût toujours très-éloigné du point où il commence à devenir inflammable. La commission du grisou s’associe à ces idées et recommande avec instance une énergique ventilation. Pourtant, à certains points de vue, la ventilation a ses dangers ; la grande vitesse du courant d’air peut faire sortir la flamme du treillis des lampes ; elle soulève la poussière de charbon, et si une explosion survient en un point, elle la généralise ; aussi ne faut-il point oublier que plus il y a d’air en mouvement, plus il faut arroser la mine, et comme le dit avec raison M. Galloway, il faut, en même temps, encore plus d’air et encore plus d’eau.


V

Nous ne sommes point encore arrivés à l’idéal rêvé par M. Dombre, et je crois qu’il faut désespérer de l’atteindre jamais ;