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Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 61.djvu/354

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anciens (de 30 au marc au lieu de 36 1/4) et qui auraient cours pour 20 livres ; des écus qui, un peu plus lourds et d’un titre un peu plus élevé que les anciens, auraient cours pour 5 livres, — à l’ancien numéraire altéré par les réformations dont il avait été l’objet. C’est sur ce motif d’intérêt public qu’un arrêt du conseil (du 16 mars 1709) se fonda pour ordonner une nouvelle refonte ; mais son but véritable est de procurer un bénéfice au trésor, car il porte « que le profit de l’opération servira à supprimer 72 millions de billets de monnaies ayant cours dans le public et causant un grand préjudice à toutes les affaires… »

On ne pourrait retracer dans leurs détails chacune de ces réformes monétaires de 1701, de 1704, de 1709, sans répéter, en partie, ce qui déjà a été dit de celles de 1689 et de 1693. On fera mieux connaître leurs résultats généraux et leurs effets économiques en réunissant et en résumant les variations incessantes qu’elles ont apportées dans la valeur des monnaies ; en s’attachant exclusivement aux espèces d’argent pour rendre le tableau plus simple, et, par cela même, plus saisissant ; mais en faisant ressortir en même temps les variations qui en résultèrent dans la valeur intrinsèque de la monnaie de compte.

Les écus, ayant cours depuis 1665 pour 3 livres, ce qui donnait à la livre une valeur intrinsèque de 1 fr. 86, déduite de ce cours, avaient d’abord été portés à 3 liv. 6 s. en 1689, et la valeur intrinsèque de la livre n’avait plus été que de 1 fr. 69 ; puis on avait successivement réduit le cours des écus à 3 liv. 5 s., 3 liv. 4 s., 3 liv. 3 s., 3 liv. 2 s., en faisant remonter la valeur de la livre à 1 fr. 72,1 fr. 74,1 fr. 77, 1 fr. 80.

En 1693, on porta le cours des écus à 3 liv. 12 s., ce qui abaissa la valeur intrinsèque de la livre à 1 fr. 55, et, le 1er janvier 1700, on commença à réduire les écus à 3 liv. Il s. pour les abaisser à 3 liv. 5 s. par six réductions successives de chacune 1 sol, en faisant remonter proportionnellement la livre à 1 fr. 72.

En 1701, une nouvelle réforme élève le cours des écus à 3 liv. 16 s. et la valeur de la livre descend à 1 fr. 51 ; mais on ne tarde pas à ramener successivement le cours des écus à 3 liv. 14 s., 3 liv. 12 s., 3 liv. 11 s., 3 liv. 10 s., 3 liv. 9 s., 3 liv. 8 s., tandis que la valeur de la livre remonte successivement aussi, et par degrés, à 1 fr. 64.

En 1704, nouvelle opération qui porte les écus à 4 livres et diminue la valeur de la livre à 1 fr. 41, suivie de dix réductions successives des écus jusqu’à 3 liv. 7 s., et de dix changemens correspondais dans la valeur de la livre, qui remonte à 1 fr. 66.

Enfin, en 1709, on élève le cours de l’écu jusqu’à 5 livres ; mais