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généraux ; or, ces commissaires sont tous des contribuables et même d’assez gros contribuables ; pour être répartiteur ou commissaire local (commissioner), il faut en effet jouir au moins d’un revenu immobilier de 2 500 francs, comme propriétaire ou fermier, et pour les commissaires généraux, désignés par les commissaires locaux, le revenu, de même nature, doit s’élever au moins à 5 000 francs. Le ressort de l’impôt est ainsi placé en définitive dans les mains des contribuables qui le supportent eux-mêmes, car bien que les revenus de 4 000 francs et au-dessous soient exemptés, on peut dire que quiconque en Angleterre possède 2 500 francs de revenu immobilier possède en réalité d’autres revenus le rendant tributaire de l’income-tax. Du reste les commissaires généraux possèdent au moins un revenu immobilier taxé de 5 000 francs, et ils jugent en appel les réclamations des contribuables. L’impôt est donc bien, en résumé, déterminé par ceux qui le payent.

Chez nous, l’impôt sur le revenu serait livré comme arme de guerre, comme instrument d’oppression aux agens de l’administration recommandés, désignés par les comités politiques qui régnent dans chaque village. Au lieu d’être remis aux mains des contribuables eux-mêmes, il serait systématiquement confié aux « non-contribuables, » contre les contribuables, qui deviendraient la proie de nouveaux privilégiés, les privilégiés d’en bas, plus durs et plus violens encore que les anciens privilégiés d’en haut.


En Angleterre, le taux de l’income-tax est fixé par la Chambre des communes et par la Chambre des lords. Les lords sont tous grands propriétaires, gros contribuables ; ce n’est pas eux qui emploieront jamais l’impôt comme instrument de spoliation, de destruction de la propriété ou du capital. Les députés sont élus par un suffrage très large, mais tout électeur, en définitive, est contribuable.

Depuis la réforme de 1885, qui, disait le Times du 18 novembre, « a fait toucher aux Anglais le point extrême qu’il est difficile de dépasser en politique, » il suffit pour être électeur, suivant le lieu qu’on habite, ou d’occuper une maison entière d’une valeur locative de 250 francs ; ou d’habiter une maison imposée à la land-tax ; ou d’occuper depuis un an un appartement de 250 francs de loyer ; si bien qu’il y a maintenant en