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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 60.djvu/51

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agglomérations. Le remaniement de l’Europe en 1815 a accusé le mouvement dans le même sens. Au point de vue humain, en attendant que ce soit excellent, comme certains l’annoncent, c’est détestable. Les petits peuples sont les vraies frontières entre les grands. Ils les séparent, les isolent, les éloignent les uns des autres et les empêchent de se heurter de plein contact. Il faut maintenir les petits peuples. Au point de vue français, nous n’avons rien à gagner aux grandes agglomérations qui, accroissant les autres et nous laissant ce que nous sommes, nous feraient descendre dans la hiérarchie des nations d’un ou deux degrés. Il faut maintenir les petits peuples. Et comme ils sont nécessaires à l’équilibre européen, cette politique à la fois maintient la pondération des forces, nous donne un beau rôle et nous donne une clientèle, et encore maintient nos bons rapports avec la Grande-Bretagne qui, ici, a les mêmes intérêts que nous. C’est la vraie politique de la France pour un siècle.

Telles étaient les principales idées de politique extérieure de Thiers sous le gouvernement de Juillet et qu’il a conservées jusqu’à sa mort. Nous verrons ailleurs et comment, le plus souvent, il les a soutenues, et comment quelquefois il s’en est départi. Elles étaient les plus sages, les plus avisées et les plus pratiques qui pussent être.


EMILE FAGUET.