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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 60.djvu/644

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professeurs, non pas à cause de leurs aptitudes pédagogiques, mais en considération du nombre et du volume des ouvrages qu’ils ont publiés : « Cette prépondérance de l’influence germanique s’explique facilement, observait le Père Woronieski. Au point de vue intellectuel, nous avons été jusqu’à présent les élèves des Allemands : nos meilleures Universités, celles de Cracovie et de Lwow, étaient en somme des Universités allemandes. C’est à peine si nous connaissons les méthodes françaises d’enseignement. Savez-vous où les adversaires de l’influence française allaient puiser leurs arguments ? Dans l’ouvrage de Demolins sur la « supériorité des Anglo-Saxons. » Ce livre, dont l’engouement d’une partie de l’opinion française a déterminé le succès, vous a fait plus de tort en Pologne que les efforts, souvent maladroits, de la propagande allemande.

« Enfin c’est en Allemngne que nous allons chercher nos instruments de travail, nos éditions classiques, nos manuels scolaires. À Lublin, comme à Varsovie, à Cracovie et à Lwow, les principales maisons de librairie sont allemandes. C’est un libraire luthérien, excellent homme d’ailleurs, qui fournit à notre faculté de théologie catholique tous les ouvrages spéciaux dont elle a besoin. Nul n’ignore chez nous que les meilleurs manuels de théologie dogmatique, de morale, d’Écriture Sainte et d’histoire de l’Église ont été composés par des auteurs français. Mais la tradition est établie, et la difficulté de faire venir des livres français, leur prix très élevé pour nous en raison du change, contribuent certainement à la maintenir. J’ai souvent pensé que si une maison française d’édition, et particulièrement une maison catholique, ouvrait une succursale à Lublin, pour toute la Pologne, elle nous rendrait un très grand service et ne ferait pas elle-même une mauvaise alla Ire.


L’INFLUENCE FRANÇAISE

On lit dans quelques vieux récits de voyage qu’à la frontière de Pologne, le maître de postes qui accueillait l’étranger, le saluait d’abord en polonais, puis, s’il voyait qu’il n’était pas compris, continuait de parler en latin, l’ignore si les modernes chefs de gare et commissaires des douanes sont demeurés fidèles à cette noble tradition, n’ayant pas osé tenter moi-même l’expérience ; mais je pense que s’ils y revenaient aujourd’hui, ils