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Page:Revue des Romans (1839).djvu/229

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ÉMILIE DE COULANGES, traduit par Dubuc, 1 vol. in-12, 1813. — Le principal but de miss Edgeworth, dans la composition de ce roman, paraît avoir été de montrer combien sont, en quelques circonstances et avec de certains caractères, difficiles et scabreuses les relations entre les bienfaiteurs et les personnes obligées. Émilie de Coulanges est une Française jetée avec sa mère en Angleterre par les orages de la révolution, qui les a laissées sans aucune ressource. Mme de Coulanges est un personnage assez ridicule, qui regrette trop, et quelquefois sans dignité, son ancienne opulence, ses châteaux, les belles glaces de ses appartements ; elle est légère, étourdie, coquette, à un âge et dans une situation où ce serait un devoir d’être plus réfléchie. Émilie est l’héroïne du roman, et miss Edgeworth s’est plu à verser sur elle les dons les plus heureux, toutes les qualités, toutes les grâces, et à la douer surtout de l’âme la plus sensible, du caractère le plus solide, le plus noble, le plus généreux. Remplie de la plus tendre reconnaissance envers mistress Somers, qui, l’ayant accueillie avec sa mère, leur a prodigué ses bienfaits avec une libéralité et une munificence extraordinaire, à combien est mise son exquise sensibilité par l’humeur inégale, par le caractère inconstant et soupçonneux de sa bienfaitrice ! Jamais il n’y en eut de plus ingénieux à tout dénaturer par de fausses interprétations, à tout corrompre par des conjectures sans fondement et sans raison. Il est vrai qu’elle revient bientôt franchement de ses injustes préventions, mais c’est pour y retomber aussitôt par les efforts qu’elle fait ou qu’on fait pour éviter de nouvelles défiances. Émilie est en vain un vrai prodige de bonté, de sensibilité, de reconnaissance, de grâce ; le travers d’un esprit, plein cependant de grandes et de généreuses qualités, empoisonne tout, ses paroles, son silence, sa gaieté et sa tristesse, les démonstrations de sa tendresse, et la contrainte qu’elle s’impose pour la renfermer au fond de son cœur et ne pas en fatiguer sa bienfaitrice. C’est dans des conversations adroitement amenées et de petits incidents ingénieusement imaginés pour développer ces trois caractères, et dans les altercations que leur opposition doit amener, que consiste tout le roman.


VIVIAN, ou l’Homme sans caractère, traduit par Jos. Joly, 3 vol. in-12, 1813. — Vivian est un jeune seigneur doué de fort heureuses qualités ; il a de l’esprit, de l’instruction, beaucoup de noblesse dans l’âme, de l’élévation dans les sentiments, de l’élégance dans les manières ; mais de si belles dispositions sont gâtées par une irrésolution qui, le faisant flotter entre tous les partis, le met à la merci de tous les intrigants qui veulent s’emparer de lui, et par une facilité de caractère qui ne lui permet jamais de résister au dernier qui lui parle : c’est ainsi qu’il agit presque toujours