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Page:Revue des religions, Vol 2, 1892.djvu/55

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le signal fixé par Samas lui-même. Elles retentissaient encore à mes oreilles, les paroles d’Ea, mon seigneur : « Dans la nuit qui précédera le déluge, Celui qui assemble les nuages, fera tomber une pluie d’orage. Alors, entre dans le vaisseau et fermes-en la porte derrière-toi. [1] »

« Le signal annoncé ne tarda pas à paraître. Dans la nuit, en effet. Celui qui assemble les nuages fit tomber une pluie d’orage, d’où je compris que le déluge était proche. C’est pourquoi, dès la pointe du jour, saisi de frayeur, vite, j’entrai dans le vaisseau et en fermai la porte derrière moi. La porte une fois bien verrouillée, je commis aux soins du pilote, Puzur-Bel, le navire avec tout ce qu’il renfermait. [2]

« Or, voici qu’aux premières lueurs de l’aube, je vis de gros nuages noirs émerger peu à peu au-dessus de l’horizon, et s’avancer vers le haut du ciel, majestueusement. On eût dit d’une procession triomphale se déroulant dans les airs... Du sein de la nue, Ramman brandissait le tonnerre. Nabu et Marduk ouvraient la marche. A leur suite, allaient les dieux justiciers courant par monts et par vaux, à grandes enjambées, à la façon des géants : Nergal arrachant, brisant tout ce qui lui faisait obstacle, Ninib soulevant et faisant voler en tourbillon tout ce qui se rencontrait sur son passage. Bientôt les émissaires de Ramman, étant montés au ciel, chassèrent la lumière et répandirent les ténèbres sur la face de la terre. [3]

« Dès le premier jour, l’ouragan sévit avec une extrême violence. Ce fut comme une terrible mêlée,

  1. Tab. XI, l. 87-89.
  2. Tab. XI, l. 90-96.
  3. Tab. XI, l. 97-108.