Page:Revue des religions, Vol 2, 1892.djvu/60

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Gilgamès avait écouté avidement, sans mot dire, cette merveilleuse histoire... Le récit du déluge une fois terminé, Samas-napistim continua : « Et maintenant, lequel d’entre les dieux te rendra toi aussi, Gilgamès, resplendissant de santé. Si tu veux obtenir, avec ta guérison, le don d’immortalité, ne t’embarque pas aussitôt, attends seulement... [1] »

« Alors Gilgamès, comme un voyageur harassé de fatigue après une longue course, succomba à un profond sommeil, qui le coucha à terre, à la façon d’un vent violent, durant six jours et sept nuits [2].

« Or, tandis qu’il dormait, Samas-napistim dit à sa femme : « Ce héros, vois-tu, est parti en quête du secret de la vie, et voilà que, au terme de son voyage, le sommeil l’a dompté et couché à terre, à la façon d’un vent violent. » Et sa femme de lui répondre : « Touche-le et fais-lui goûter l’aliment mystérieux, après quoi, il reprendra le chemin par où il est venu, et, dépassant la grande porte, s’en retournera dans son pays. » — « Tu souffres, je le vois bien, reprit Samas-napistim, de la souffrance de l’humanité. Or donc, apprête toi-même l’aliment mystérieux et pose-le sur sa tête pour qu’il l’emporte et s’en rassasie [3]. »

« Au jour où Gilgamès monta sur le vaisseau, elle apprêta, en effet, le mystérieux aliment et le posa sur sa tête. Elle avait apporté à sa préparation un soin extrême... Après l’avoir successivement mélangé, travaillé, détrempé, elle le servit à point sur un vase, au préalable nettoyé, et tout reluisant. Alors, Samas-napistim, d’un geste brusque, toucha le héros et

  1. Tab. XI, l. 206-208.
  2. Tab. XI, l. 208-210.
  3. Tab. XI, 211-220.