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Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/21

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Jamais n’en vis qui ne garda
Un présent qu’on lui envoyait.
Mais ! Si de moi il se jouait ? !
Cependant par l’air et la mine
Les pensers d’un cœur, on devine !
« Préparez-vous, et y allez »
— « Je suis, fait-il, tout préparé »
— « Un anneau d’or lui porterez
« Et ma ceinture donnerez
Mille fois pour moi saluerez ».


Le chambellan part et la princesse dans l’incertitude se lamente :

« Hélas ! Comme est mon cœur surpris
Par un homme d’autre pays !
Ne sais s’il est de haute gent.
Si s’en ira hâtivement.
Je resterai toute brisée.
Quel amour follement placé !
Jamais ne lui parlai qu’hier
Et je le fais d’amour prier !
Je pense qu’il me blâmera ;
S’il est courtois, gré me saura !
Le tout est mis à l’aventure ;
Et si il n’a de m’aimer cure,
J’en resterai toute marrie.
Jamais n’aurai joie en ma vie.

Pendant ce temps le chambellan a rempli sa mission auprès d’Eliduc qui a accepté les cadeaux sans en demander davantage. Quand le messager revient, la princesse s’informe de l’accueil qui lui a été fait par le chevalier.

« Il faut, fait-elle, rien celer.
Veut-il par amour m’aimer ? »

Le chambellan lui donne alors quelques-unes des raisons qui lui font croire que oui : et il poursuit son récit :

« De votre part, le saluai,
Et vos cadeau lui présentai.
De votre ceinture se ceint
Et les flancs avec il s’étreint.
Puis, l’annelet mit à son doigt.